AMELIA
« Aviator » en guimauve
Mira Nair entreprend de nous conter le destin funeste d’Amelia, emblème féminin de l’Amérique d’avant guerre, dont la réputation est née d’une supercherie. Le film aurait pu être intéressant, car le personnage, dans sa persévérance et ses idéaux, demeure une matière assez dense pour en faire un biopic digne d’intérêt.
Hélas, « Amelia » ressemble plus à un réservoir à performances, spécialement conçu pour des nominations aux Oscars, qui peine à nous faire décoller. La réalisatrice préfère développer les relations sentimentales qu’Amelia entretien avec ses deux amours et se contente d’effleurer la controverse sur le symbole qu’elle représente pour les Etats-Unis. Comme l’affiche, digne des plus grands drames sentimentaux, le laissait présager, on assiste à un film, certes, irréprochable sur le plan technique, mais complètement creux et mièvre sur le fond. Après un mauvais « Vanity Fair », « Amelia » ne fait que confirmer que Mira Nair est en train de perdre définitivement son style, si personnel, dans l’immense machine hollywoodienne.
Il ne s’agit pas pour autant d’un ratage complet. Le film se suit sans mal tant que l’on se laisse emporter par les classiques envolées lyriques pour mieux appuyer l’interprétation qui est par ailleurs très bonne. Richard Gere parvient à passer du charismatique businessman au mari sensible et fragile avec une crédibilité déconcertante. Hilary Swank reste constante dans son interprétation de femme volontaire, à l’inconditionnelle envie de liberté. Le couple fonctionne parfaitement. Leur complicité traverse l’écran et aidera certainement les spectatrices les plus midinettes à rentrer dans le film. Pour les autres, à moins d’être fans de la légende, préférez plutôt les dernières comédies romantiques françaises sorties, elles sont biens meilleures.
Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur