ALLEGRO
Etrange et envoûtant
Imaginer que les souvenirs d'une partie des hommes, se trouvent enfermés dans une certaine zone géographique, inaccessible, est la drôle d'idée de départ du nouveau film de Christoffer Boe, Caméra d'or à Cannes pour « Reconstruction » en 2003. Si par un astucieux traitement de l'image on en vient presque à croire à la réalité de son mur invisible qui enceint tout un quartier de Copenhague, on voit vite le parallèle que fait l'auteur avec ce que chacun oublie volontairement pour mieux se protéger dans sa vie de tous les jours.
Moins optimiste que son premier film, "Allegro" ressasse également le thème de l'échec amoureux, et la nécessité d'assumer ses erreurs. Ici, son pianiste de héros va se retrouver forcé, lors d'un retour professionnel sur son sol natal où il doit donner un concert, de se remémorer un passé douloureux, qu'il a laissé derrière lui il y a près de dix ans. Le film construit ainsi une réflexion lente et belle sur les origines du succès, et l'idée que la perfection vient de l'apprentissage de la vie. On en ressort persuadé, comme Boe, que l'expérience nourrit le talent, à condition qu'on ne lui tourne pas le dos.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur