ALI AND AVA
Un couple improbable pour une émotion pure
Ali, d’origine indienne, qui est resté la même maison que sa femme, est en pleine séparation, mais ne souhaite en aucun cas que sa famille, ni même le voisinage, ne soient au courant. Ava, veuve britannique, déjà grand-mère, est assistante scolaire dans l’école où se trouve la nièce d’Ali. Un beau jour, tous deux se croisent à la sortie de l’école, alors qu’il pleut des cordes. Ali propose alors à Ava de la ramener…
Nouveau film de Clio Barnard, réalisatrice remarquée il y a quelques années à la Semaine de la critique avec "Le Géant égoïste", également metteuse en scène de "Dark River", "Ali and Ava", découvert à la Quinzaine des réalisateurs 2021, est un véritable petit bijou d'émotion, qui montre à nouveau la capacité de l’autrice à créer des personnages complexes et touchants. De la rencontre improbable de deux personnes issues de communautés différentes, va naître une romance forcément contrariée, les passés de leurs familles respectives et leur peur d’être à nouveau blessé ne faisant a priori que les éloigner.
Impliquant une multitude de personnages secondaires (enfants et petits enfants pour elle, ombre du mari disparu, nièce et famille pour lui…) autour des deux dont elle dessine élégamment la complicité, malgré un contexte social difficile (quartier tendu pour elle, sœur qui vit juste à côté pour lui…), Clio Barnard jongle entre comédie et drame. En utilisant la musique (folk et country pour elle, électronique pour lui…) comme un vecteur d'opposition et de convergence entre ses deux personnages, elle crée une belle parabole du lien et de la différence, qui trouve son climax lors d’une scène où ils disposent deux canapés face à face, chacun écoutant sa musique tout en étant avec l’autre, dos à dos.
Attestant d’une profonde humanité, le scénario d' "Ali and Ava" permet aux formidables Adeel Akhtar ("Confident Royal", "Enola Holmes") et Claire Rushbrook (vue dans "Ammonite", mais surtout actrice de séries télé), de déployer une large palette de jeu. En traitant en toile de fond, de la transmission de la violence, de la capacité à tourner la page, elle parvient à la fois à composer une romance séduisante et à générer une terrassante émotion. Un film positif, résolument tourné vers la possibilité d’un avenir, aux belles idées de mise en scène (voir la magnifique scène, où la pluie tombe sur un velux, au dessus d’Ali…) et que l’on ne saurait donc que conseiller vivement.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur