AFTER PARTY

Un film de Vojtĕch Strakatý

Une parenthèse hors de l’insouciance de la jeunesse

Après une longue soirée, Eliska, 23 ans, rentre, avec la gueule de bois, dans la maison moderne avec piscine où réside sa famille. Des huissiers sont là, avec sa mère et des déménageurs, saisissant déjà un certain nombres d’éléments (meubles, tableaux, ordinateur…). Elle apprend alors que la maison va prochainement être mise au enchères. Son père, lui, reste injoignable. Appelant son amie de beuverie à la rescousse, pour emmener en douce quelques affaires, dont le canapé, elle se retrouve nez à nez avec d’autres créanciers qui cherchent son père, et fait semblant de ne pas habiter là…

"After Party" commence à l’aube dans un champs, alors que deux amies, dont le personnage principal, Eliska, finissent une bière, dans une complicité affichée. La lumière est belle, l’état d’esprit encore à la fête, mais un soudain vomissement vient un peu gâcher le moment, comme un avant goût de ce qui attend l’insouciant personnage en rentrant dans sa belle demeure avec piscine. A partir de là, c’est en un thriller efficace que va se muer le film, avec la présence des huissiers et les tentatives de la fille de soustraire une partie des biens aux créanciers. Une tentative qui montre à la fois sa naïveté et son absence de conscience de la nature des gens qui ont son père dans le viseur.

S’engage alors pour cette jeune femme une sorte de mouvement de fuite, loin de l’innocence de son existence de jeune adulte. Mais la pire des pressions viendra finalement de son propre père, le film révélant celui-ci comme un homme prêt à tout pour se refaire, menteur pathologique pour qui « tout est sous contrôle », lors de scènes en voiture ou dans des bureaux, volontairement longues afin d’intégrer la gêne grandissant de la fille et de montrer l’absence de scrupules de celui-ci. Sorte de parenthèse cauchemardesque au milieu d’années étudiantes insouciantes, "After Party" offre tout de même quelques respirations à son personnage, interprété avec justesse par Eliška Bašusová, obligée de grandir d’un coup, avant de se regonfler d’espoir dans une jolie conclusion projetée vers l’avenir.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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