Festival Que du feu 2024 encart

ACT OF VALOR

Un film de Mike McCoy, Scott Waugh

Je (ne) vous ai (pas) compris

L'histoire d'une équipe militaire d'élite des Navy SEAL partie en mission secrète au milieu de la jungle pour libérer un agent de la CIA kidnappé par des terroristes sans scrupules...

"Green Zone" (Paul Greengrass) et l'excellent "Armadillo" (Janus Metz) ont accouché cette année d'un petit rejeton qu'ils ont intelligemment appelé "Act of Valor", traduit par "Acte de Bravoure" au Québec, sans doute parce qu’il s’agit de la qualité principale requise pour le spectateur afin s'affranchir de cette épreuve. Pour parler plus sérieusement, je dirais qu' "Act of Valor" n'est pas un mauvais film… mais pas non plus un bon pour autant.

D'un point de vue technique tout d'abord, l'ensemble est un peu limite. Les plans rapprochés rappellent la technique de la super production de Vin Diesel "Les chroniques de Riddick". C'est flou, c'est trop près et ça donne parfois mal à la tête. En revanche les plans plus larges sont réussis : explosions, scène d'assauts, sauts en parachute, chacun en prend pour son grade ! Notons que le film a été tourné dans des décors naturels, ce qui est appréciable pour les yeux.

Alors c'est sûr, avec un budget d'un peu plus de 15 millions de dollars seulement (contre 100 millions pour un « Green Zone » par exemple), cela donne cette pâte à crêpe un peu mollassonne. Pour rester dans le technique, niveau jargon, il n’est pas toujours évident de suivre. Bien que je m'imaginais secrètement être à la hauteur après avoir vu des dizaines de films du genre… et bien non, cela reste difficile pour un gars comme moi qui n'a pas fait ses classes. Mais "Act of Valor" n'est pas le seul du genre à ne pas prendre le temps de tout expliquer. Passons.

Au niveau du scénario et du rythme, le cœur balance. Coté scénario, cela se résume à : il faut sauver le monde. Ou plutôt les États-Unis. Ce qui revient au même non ? Ce résumé donne l'impression que le scénariste ne s'est pas vraiment foulé (même s'il a pourtant participé au scénario de "300" par le passé). Mais encore une fois, pour un film de guerre, il n’y a rien de vraiment très méchant. Le rythme lui, existe, mais le soucis est qu'il est parfois mal adapté, tantôt au bénéfice d'un ralenti-mélo inutile et générateur de saccade, tantôt trop soutenu là où il devrait ralentir pour surligner des passages clefs ou pour faciliter la compréhension d'une scène souvent un peu floue.

Ensuite quelques mots sur la morale (simple) : il y a des gens qui font la guerre, mais c’est pas toi ; toi qui est dans ton fauteuil à regarder ce film au budget identique à celui de 10 épisodes de "Derrick". Alors oui on peut tirer son chapeau à ces hommes de la vraie vie mais pas à McCoy, qui - et on le sent - a voulu bien faire mais n'a pas réussi le rendu technique d'un "Green Zone". Dès lors, le coté brouillon empêche une réelle immersion à plein temps.

De plus le choix de ne pas prendre des acteurs pour ce film mais de vrais soldats n'est peut être pas aussi judicieux qu'on aurait pu le penser de prime à bord (moi le premier). Car au final, à l'instar d'un "Armadillo", ils ne sont pas vraiment en situation de combat et en conditions réelles : ils doivent donc s'efforcer de jouer la comédie devant la caméra… Et c'est bien là le rôle d'un acteur. Il faudrait donc plus employer ces gens comme conseillers et coach pour les vrais acteurs.

George Orwell a dit « La nuit, les gens dorment paisiblement dans leur lit seulement parce que des Hommes solides se tiennent prêts à user de la violence en leur nom. » Et c’est bien la seule chose que nous retiendrons du film de McCoy.

Jean-Philippe MartinEnvoyer un message au rédacteur

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