ACHILLE ET LA TORTUE
Quand la panne d'inspiration inspire à Kitano une comédie sur le création picturale
Kitano était venu au Festival de Venise 2008 présenter, hors compétition, « Glory to the filmmaker », constat amusant d'une panne d'inspiration, se terminant par une radio montrant une caméra cassée à l'intérieur du corps du réalisateur. Si sa nouvelle oeuvre, « Achille et la tortue », est un véritable film, construit en trois parties autour de l'enfance, des années étudiantes et de l'âge adulte d'un peintre, il n'en constitue pas moins une prolongation de la réflexion de l'acteur – réalisateur sur la création, le talent et l'inspiration.
Après un générique sous forme de dessin animé, dans lequel Achille poursuit jusqu'à l'infini une tortue, symbole d'une course perdue d'avance, le film se concentre sur le jeun Machisu qui, après avoir reçu le béret d'un peintre connu, se met à peindre n'importe où, même au milieu de la voie ferrée. L'obsession créatrice est donc bien au coeur de ce récit où l'on retrouve l'humour, très visuel, du réalisateur, notamment dans la seconde partie, au travers des nombreuses tentatives d'imitation de divers mouvements ou artistes devenus « classiques ».
Si la première partie est plutôt émouvante, la seconde, relatant la vie étudiante et les expérimentations, s'avère savoureuse de pitreries. Du banquier qui fait faillite à cause de la mort des vers à soie, aux exploits de peinture à vélo projetée contre un mur, les occasions de s'amuser des malheurs du maître sont multiples. Quant à la troisième, Kitano y flirte avec le pathétique, se décrivant comme un gamin irresponsable dont les descendants auraient honte. Il y assume ses inclinaisons de grand enfant encore en pleine expérimentation. Touchant.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur