ABSENCE
Chronique d’une famille en déliquescence
Serghino, 14 ans, est le pilier d’une famille qui ne tient plus qu’à un fil. Son père vient de quitter le domicile familial sans laisser ni téléphone ni adresse et sa mère boit pour oublier son statut précaire de pâtissière au noir dans sa minuscule cuisine sans fenêtre. Pour protéger son petit frère et subvenir aux besoins du foyer, l’adolescent a préféré abandonner l’école pour travailler sur les marchés avec son oncle. Calme et résigné, il assume là où les autres ont failli.
Entre drame social et portrait intimiste, "Absence" décortique toutes les tentatives de l’adolescent pour tenter de retrouver un tant soit peu d’affection. Son temps libre, il le partage entre une famille de forains qui tient un petit cirque itinérant et un professeur solitaire à qui il livre des légumes. À chacun, il impose maladroitement son besoin de tendresse de fils oublié. Malgré sa sérénité de façade, sa détresse est si profonde qu’il serait prêt à tout pour se sentir aimé.
Porté intégralement par Matheus Fagundes, le film révèle la justesse de ce jeune acteur pour incarner la timidité tranquille d’un enfant résigné à devenir adulte. Cette période entre deux âges, entre deux points de vue, est cependant traitée de manière bien linéaire. Le réalisateur s’en tient aux faits avec une rigueur presque documentaire. Une absence de relief qui lisse les affres d’un manque de repères plus traumatisant qu’il n’y paraît. Un film tout juste attachant, car très classique dans sa forme.
Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur