ABLATIONS
Du style certes, mais un scénario totalement ridicule
Arnold de Parscau s’est fait connaître en 2011 pour avoir remporté le concours lancé par David Lynch lui-même pour la réalisation du clip officiel de sa chanson "Good Day Today". Débarque aujourd’hui sur les écrans son premier long-métrage largement influencé par le style surréaliste et si particulier du réalisateur américain. Malheureusement, ce premier essai sur grand écran est peu convainquant, le film se transformant en une pâle copie d’un cinéaste dont le français n’a encore ni le talent ni l’imagination. Avec un pitch qui fait le bonheur des comédies U.S. actuelles, à savoir un homme bourré qui a tout oublié de sa soirée, "Ablations" s’éloigne de ce postulat comique de départ pour partir dans des contrées fantasmagoriques.
Débute alors un thriller bancal où un homme, interprété par le toujours excellent Denis Ménochet, cherche à remonter la piste d’un réseau de trafiquants d’organes afin de récupérer le rein qui lui a été subtilisé. Si le jeune réalisateur démontre des qualités plastiques évidentes, il patine beaucoup plus lorsqu’il s’agit de maîtriser une trame narrative complexe impliquant différentes ruptures de ton. La dimension onirique du métrage, avec ses pointes de fantastique, se révèle n’être qu’un bel emballage, le contenu étant terriblement vide. Car le principal défaut de cet exercice de style est le scénario, pourtant écrit par le déjanté Benoît Delépine. Multipliant les situations grotesques et invraisemblables, les lacunes scénaristiques condamnent le film à un nanar ultra-stylisé rapidement agaçant.
En cherchant à s’inscrire aussi bien dans un réalisme fantasmé que dans l’absurde, "Ablations" titube, ne parvenant jamais à véritablement intéresser. Si ce premier film semblait être une proposition originale sur le papier, il n’est finalement qu’un ersatz du cinéma de David Lynch qui s’inscrit sur la longue liste des projets s’inspirant du maître mais dont l’hommage se transforme en affront. Si certaines envolées imaginaires sauvent le film du naufrage de par leur esthétisme, David Lynch n’a pas encore trouvé l’hériter qui parviendra à regarder la noirceur de l’âme humaine avec la même poésie que sa vision hallucinée.
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur