ABC’S OF DEATH 2
26 manières de mourir, volume 2
Un recueil de courts métrages classés par lettres de l’alphabet sur le thème de la mort, ou comment imaginer 26 façons de décéder, rendre l’âme, caner, passer à trépas, casser sa pipe, passer l’arme à gauche, cesser de vivre, perdre la vie, clamser, s’éteindre, crever…
Les films à segments sont généralement dotés de bons et de mauvais courts métrages… Avec ce deuxième volet de "ABC’s of death", la règle est respectée. L’idée de développer des petites histoires de mort est très bonne. D’autant que les producteurs ont laissé carte blanche aux réalisateurs à qui une lettre avait été au préalable attribuée. Sachant que « carte blanche » ne veut pas forcément dire réussite, puisque sur les 26 films, il y a vraiment de tout : un peu de bon, pas mal de moyen, du mauvais aussi et beaucoup de bizarre, voire du très bizarre. De quoi offrir aux festivaliers de Gérardmer 2015, où le film était projeté hors compétition, une large palette de genres et de goût…
Si le gore a prédominé, on trouvait aussi du film d’animation (Plympton bien entendu dans toute son opulence frénétique et poétique) et de la comédie horrifique, genre qui nous gratifie des meilleures réalisations. Ainsi, "ABC’s of death 2" commence parfaitement bien avec l’excellent "Amateur" (Evan Katz), qui joue avec brio sur le thème de l’arroseur-arrosé, suivi par l’irrésistible "Badger" (Julian Barratt) qui n’a rien à voir avec les badges, mais davantage avec les blaireaux et dont l’histoire envoie au tapis avec bonheur un journaliste insupportable lors d’un tournage de son émission qui a pour thème la vie de ces charmants animaux à côté des centrales nucléaires ! On en rit encore bien longtemps après ! Citons enfin "Equilibrium" (Alejandro Brugués) et "Youth" (Soichi Umezawa) aussi barrés que drôles…
Dans les courts de très bonne facture, notons "Split" (Juan Martinez Moreno) qui impose avec classe son ambiance tendue de home invasion en split screen, "Masticate" (Robert Boocheck) qui intrigue (jusqu’à son dénouement) avec son homme en slip qui court en pleine rue dans un joyeux ralenti avant d’arracher un bout de nuque à un passant ! Et enfin, "Zygote" (Chris Nash) – petit dernier de la liste – qui dépote avec cette femme enceinte qui attend le retour de son mari (parti faire une course) pour accoucher. Sauf qu’elle attendra treize ans et que son bébé, vous l’imaginez, s’est entre temps bien développé dans le ventre de maman !
Concernant les grands noms du cinéma, on ne peut pas dire que ça se bouscule au portillon ! Et c’est bien dommage. On retiendra surtout Vincenzo Natali ("Cube", "Splice") qui livre avec "Utopia" un court plutôt mineur sur une vision futuriste de notre monde. Enfin, cocorico, comment ne pas faire mention du film des Français Julien Maury et Alexandre Bustillo (réalisateurs de "À l’intérieur"), "Xylophone" (allez chercher une histoire sur la mort avec cet instrument !) avec lequel ils arrivent à concocter un « joli et sanglant » conte enfantin avec une Béatrice Dalle qui retrouve un de ses rôles de prédilection : une folle furieuse qui sait bien cacher son jeu !
Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur