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A SINGLE SHOT

Un film de David M. Rosenthal

Le crépuscule d'un père raté

À l’aube, John Moon part à la chasse, dans la pénombre d’une épaisse forêt. Pourchassant une biche qu’il a blessée, il abat par erreur une jeune femme, mais trouve à côté d’elle une lettre de suicide. Il décide de la laisser pour morte, et de s’emparer d’une mallette d’argent, planquée à proximité…

Film crépusculaire, « A Single shot » décrit à la fois la solitude et la lente désespérance d’un homme qui a tout raté et vit dans un mobile home en forêt, situé à l’écart d’un village reculé, et sa tentative désespérée de renouer le contact avec sa femme, avec laquelle il est en instance de divorce, et donc avec son bébé. Après avoir abattu par erreur une jeune femme, il voit en une mallette trouvée non loin du corps, une solution à tous ses problèmes, ignorant l’engrenage qu’il vient de déclencher.

Adapté du roman de Matthew F. Jones Une Semaine en enfer, « A Single shot » intéresse surtout par la description qu’il fait d’un milieu de bouseux, petit village reculé au fin fond des Etats-Unis, où tout le monde semble au final se connaître, ce qui rend tout secret potentiellement impossible à cacher. Autour de son personnage principal, poursuivi non pas par la police mais par une bande de malfrats, David M. Rosenthal construit donc une ambiance poisseuse, dans une pénombre quasi permanente, dont la réussite doit beaucoup à un fin travail sur la lumière (minimale) et sur le son.

Inquiétant, parsemé de seconds rôles plus troubles les uns que les autres entourant le personnage de Sam Rockwell (juste, entre espoir mal placé et tristesse accablante), le scénario s’égare malheureusement en de trop faciles coïncidences (l’un des gangsters est plus ou moins avec la baby-sitter de sa femme...) ou de peu crédibles situations (ah qu’il semble aisé de creuser une tombe avec un doigt coupé !). L’intrigue s’avère du coup moins efficace dans sa mise en place que dans sa résolution. Ces dernières heures d’un homme pas très malin, mais à l’instinct de survie et de chasse mêlés, gagnent donc en tension sur la fin, tout en flirtant avec les limites du film d’horreur. Reste qu’à aucun moment, on ne croit que le héros du film puisse être dans autre chose qu’une impasse définitive.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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