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À LA MERVEILLE

Un film de Terrence Malick

La messe est dite ?

Un homme et une femme s'aiment. Ils se promènent dans Paris, s'aiment sur les marches du Mont Saint Michel, marchent dans le sable...

Si on pouvait encore lui laisser le bénéfice du doute avec "The Tree of Life" (Palme d'or à Cannes en 2011), entre théorie de l'évolution, vision mystique ou religieuse du monde et de la vie, "À la merveille" ne laisse plus planer aucun doute sur l'approche « christique » de la part de l'auteur, celui-ci terminant son film par une prière, avec voix-off d'un prêtre et cloches. Abordant ici la thématique du couple et de l'amour, recherché comme un sommet du sacré, il accumule comme dans son précédent film, des moments de vie, comme volés, formant un charmant puzzle visuel, et mêlant réflexions personnelles de ses personnages.

Bien sûr les images sont comme toujours sublimes, lumineuses, mêlant la beauté des êtres à celle d'une nature parfaite et calme (des champs immenses, la marée galopante du Mont St Michel, le soleil rassurant...). Bien entendu le montage est habile, presque trop serré dans certains moments, donnant l'impression au spectateur que quelques bribes de vie lui échappent. Mais le propos s'enfonce dans le religieux jusqu'à l'insupportable, confondant amour et présence du Christ « tout autour ».

Si l'on peut être touchés par certains éléments symboliques, tels cette marée (l'amour) mainte fois montrée, qui vous remplit, ou cette source qui jaillit de la terre, bon nombres de réflexions sur l'existence volent au raz des pâquerettes. Ainsi on adhère forcément au « vivre c'est faire des choix », en assumant les risques d'erreurs, ou éventuellement au fait que « les gens faibles ne mènent jamais les choses à une conclusion », l'ombre de la culpabilité (ici forcément le méchant adultère) plane et tue la tentative de discours par de lourds sous-entendus.

S'il décrit avec justesse l'union incertaine de l'homme et de la femme, pour ne faire qu'Un... ou plutôt toujours Deux... Malick se fourvoie en voulant une nouvelle fois tout embrasser. Et malgré des acteurs habités qui réussissent à faire passer les doutes de leurs personnages d'un simple geste ou regard (mention spéciale au silencieux Ben Affleck), la nouvelle messe du père Terrence Malick, sorte de « Tree of love », sera pour les détracteurs de "The Tree of Life", aussi pénible à avaler que la précédente. D'autant qu'on peut légitiment se demander quel est le rapport en image de tortue de mer et la question « quelle est la vérité »... Aimer c'est compliqué, dompter l'homme encore plus, mais on n'avait pas besoin de ce monsieur pour nous l'apprendre.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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