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À L'OUEST RIEN DE NOUVEAU

Un film de Edward Berger

Une implacable traversée de l’enfer

Alors que la Première Guerre Mondiale dure depuis déjà presque trois ans, et que le front s’est enlisé dans une guerre de tranchées, Paul et trois de ses amis décident de s’enrôler dans l’armée, malgré leur jeunesse et l’absence d’accord de certains parents. Dès les premières heures, leur camionnette est réquisitions par l’infirmerie pour ramener les nombreux blessés. Ils doivent alors faire les derniers kilomètres vers la ligne de front à pied. L’enfer, dont ils n’avaient pas idée, commence…

A l'Ouest rien de nouveau film movie

"A l’Ouest rien de nouveau" s’ouvre à l’aube, enchaînant sur un plan zénithal sur des champs dévastés, jonchés de cadavres de soldats, avant que des hommes ne surgissent des tranchées, courant au milieu des tirs et explosions, jusqu’à ce que le silence se fasse, suite au carnage. S’en suivent des plans saisissants sur des corps qu’on entasse, qu’on déshabille, des rangées de cercueils, avant que l’on bascule en ateliers où les vêtements sont lavés, séchés puis recousus, et enfin transportés vers de nouveaux futurs sacrifiés. Cette ouverture fait froid dans le dos, par le cycle infernal qu’elle décrit en quelques minutes, traduisant l’enlisement d’un conflit dont le front ne bouge déjà plus depuis des mois. C’est alors que le récit central commence, au printemps 1917, alors que Paul Bäumer et ses amis s’enrôlent, membres d’une « jeunesse de fer », sensibles aux discours sur « l’individu [qui] n’est rien comparé à l’ensemble ». Et que leur petit groupe ne se retrouve au front, confronté au plus grand des désenchantements.

Édifiant film sur les horreurs de la Première Guerre Mondiale, aussi remarquable dans son niveau de réalisme, sa reconstitution des conditions de vie sur le front, sa représentation d’une cruauté aveugle, sa mise en parallèle entre négociations pour un cessez-le-feu et combats enlisés, "À l’Ouest rien de nouveau" parvient à mettre en évidence la survie d’une forme d’humanité dans un lieu dévasté. Felix Kammerer, véritable révélation, qui interprète Paul, le jeune homme que la caméra suivra jusqu’au bout de cette éprouvante aventure, parvient à transmettre autant l’esprit de camaraderie, la sidération, l’instinct de survie, que l’espoir d’un après. Palpitant jusque dans ses dernières scènes, ce long métrage qui représentera l’Allemagne aux prochains Oscars, réalisé par Edward Berger ("Jack"), nouvelle adaptation du roman de remake du d'Erich Maria Remarque (1929, déjà adapté par deux fois : en 1930 par Lewis Milestone et en 1979 par Delbert Mann), est d’autant plus efficace qu’il utilise de multiples plans zénithaux redonnant l’échelle du massacre et qu'il n’hésite pas à donner de la substance aux conséquences physiques de celui-ci, tout en soulignant la distance entre la chair à canon et des généraux inconsistants. Si une phrase frappe particulièrement (« qu’est ce qu’un soldat sans guerre ? »), le film met en évidence comme rarement l’absurdité d’une guerre sans issue, qui a fait 17 millions de morts, dont 3 millions sur cette ligne de front.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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