À FOND
… dans le décor !
Au vu du programme proposé par ce navet de proportion inédite, tentons une analogie : la comédie française est décidément comme une voiture flambant neuve que les chaînes de télé tentent de vendre avec toutes les options (en réalité une poignée de stars bankable venues de la télé et un script rédigé par un trio d’incompétents venus de la télé), et qui, dès la seconde vitesse enclenchée, se met à se dérégler violemment et fait passer toute sorte de trajet pour une torture. On avait beau entendre ici et là des rumeurs parlant d’un "Speed" à la française (un véhicule bloqué à très haute vitesse sur une autoroute, sans possibilité de ralentir), on ne se faisait guère d’illusions. On avait hélas bien raison : le nouveau moteur comique 2CV de Nicolas Benamou (à qui l’on doit déjà un duo de "Babysitting" bien bouseux) se mange tous les panneaux de l’humour faisandé un par un et ose même nous faire payer le péage à la fin. Le tout, bien sûr, sans régulateur de nullité. Bref, c’est la honte.
On pourrait élargir à loisir la liste d’infractions au code de la rigolade au vu des ingrédients proposés : une famille bordélique (père survolté, femme enceinte, marmots casse-burnes, père borderline), une autostoppeuse qui ferait passer n’importe quelle candidate des Ch’tis vs. Les Marseillais pour une doctorante de Paris-Sorbonne (chacune de ses répliques suscite une gêne carabinée), un beauf furax qui subit tous leurs dommages collatéraux à force de les pourchasser hystériquement, un couple de gendarmes qui préfèrent baiser dans les fougères plutôt que de punir les excès de vitesse (la profession appréciera…), une Florence Foresti en gendarme agressive qui préfère jouer au ping-pong et insulter tout le monde plutôt que de surveiller le trafic (la profession appréciera encore plus…), un Jérôme Commandeur qui vend sa bagnole défectueuse toutes options aux Tuche (en pire), un André Dussollier qui devait avoir besoin de compenser une faible cotisation retraite pour accepter un rôle aussi humiliant (on rappelle qu’il a tourné pour Alain Resnais et Eric Rohmer, hein ?), le coup débile du « J’ai trompé ma femme mais je ne supporte pas qu’elle me trompe », la réconciliation familiale sur fond de musique sirupeuse, et un humour aussi puant qu’une chaussette de l’avant-veille. On pourrait en rajouter encore. Mais on s’est déjà mangé le mur depuis longtemps, alors à quoi bon ?
Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteurÀ LIRE ÉGALEMENT
COMMENTAIRES
mardi 26 avril - 8h39
Ce film résume très bien la mentalité des conducteurs de bohème...