9 SONGS
Fulgurance sensorielle
« 9 Songs », comme autant de moments musicaux rythmant la vie d’un couple dont l’essence de la relation tient au sexe. Du sexe filmé littéralement à bras le corps par un cinéaste explorant crûment et au plus près l’intimité de deux êtres. Pornographique ? Non. Définitivement. Car Winterbottom et son chef op’ enfilent les plans somptueux comme on enfile des perles. Simple et directe, la mise en scène vibre lorsque vibrent les corps, scrutés, disséqués par une caméra aimante. Le voyeurisme menace à tout instant de frapper à la porte, et le cinéaste de s’en défaire par un art subtil du montage. L’entrechoquement des plans, entrechoquements des corps, donne à sentir et ressentir.
Film éminemment sensoriel, alternant entre scènes de sexe et concerts (avec entre autres Black Rebel Motorcycle Club, The Dandy Warhols, Franz Ferdinand…), 9 Songs dégage une vigueur et une vitalité incroyables. Difficilement descriptibles, les sensations et affects auxquels il renvoie n’en finissent pas de remuer. Certains sourient déjà perversement, vision éculée d’un sexe qui autorise seulement l’excitation primaire. Faux sur toute la ligne. Car des très nombreuses et très explicites scènes « chaudes » du film, on retiendra la passion, l’angoisse latente, le désir exprimé, la vie retrouvée.
Filmé en numérique avec un budget et une équipe dérisoires, il s’inscrit comme un modèle (même si ce n’était pas son but premier) pour tous les cinéastes fauchés du monde, prouvant qu’on peut faire fort avec rien, et ne manquera pas de calmer tous les détracteurs du format DV. Beau et limpide, « sex, drugs and rock n’roll » sans la vacuité du concept, hédoniste mais grave, 9 Songs est tout bonnement bouleversant. Parce que le sexe c’est aussi de l’amour.
Thomas BourgeoisEnvoyer un message au rédacteur