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7. KOĞUŞTAKI MUCIZE

Un diamant brut

Memo vit paisiblement avec sa fille et sa grand-mère. Handicapé mental, il est un jour accusé à tort d’avoir tué la fille d’un commandant. Alors que le contexte politique et la loi martiale ne sont pas de son côté, il est incarcéré dans la cellule N°7. Memo tente alors de combattre l’injustice qu’il subit et de supporter la séparation avec sa fille Ova…

Sortie le 10 octobre 2019 sur Netflix

Alors que les lignes directrices de ce film peuvent paraitre simples, et que le scénario du condamné à mort et à tort a déjà été traité maintes fois (le film fait écho à "La Ligne verte"), la complexité ici se trouve et se retrouve dans l’incroyable justesse de jeu d’Aras Bulut İynemli, qui est loin de plonger dans le complet cliché de l’handicapé, et de Nisa Sofiya Aksongur qui propage une force de caractère du haut de son jeune âge. Le duo nous transmet la puissance qu’a l’Amour au sein d’un foyer un peu différent, ainsi que l’innocence qu’ils partagent quelque part sous les yeux de Fatma (grand-mère de Memo, jouée par Celile Toyon).

Contrastant avec la force de ce foyer, la dureté carcérale rattrape et frappe Memo lorsqu’il est pris dans le tourbillon d’injustice mené contre lui et lorsqu’il se trouve dans la cellule Numéro 7 où se trouve déjà une dizaine de détenus. Et c’est ici que les spectateurs, tout comme les prisonniers, développent différents regards sur Memo. Paradoxalement le temps semble passer un peu plus lentement pour les spectateurs qui se languissent qu’une vérité soit rétablie.

Certains personnages comme Yusuf (Mesut Akusta) restent intrigants à suivre, symboliques, et ce malgré une certaine distance essentielle, alors que d’autres ne servent malheureusement qu’à planter le décor et l’ambiance de la prison. Askorozlu (joué par İlker Aksum), quant à lui, est le porteur d’espoir entre Memo et les spectateurs, à la suite d’un repas où Memo raconte sa rencontre avec la mère d’Ova. Askorozlu a alors la conviction que Memo est innocent et celle-ci se renforce après que Memo lui vient en aide lors d’une altercation ; Askorozlu fait ensuite en sorte de soulager le cœur lourd du spectateur en faisant entrer un « miracle dans la cellule numéro 7 » (traduction littérale du titre du film).

Entre les différents thèmes abordés (famille, éducation, handicap, corruption, environnement carcéral, accusation à tort, peine de mort, sacrifices…), on s’attend à une fin bouleversante… mais le dénouement nous laisse un peu sur notre faim. Le dénouement aurait très probablement été à la hauteur du film s’il avait été tout simplement plus clair.

Il est vrai que le contexte politique est brièvement établi, mais il aurait pu être un peu plus approfondi pour que l’on comprenne plus facilement ou plus rapidement certains enjeux. La première scène du film est sans doute intéressante à revoir après le film pour comprendre son utilité et sa subtilité. Dans sa globalité, le film est parfois déceptif quant au sort de certains personnages, mais d’un autre côté, la musique (par Hasan Özsüt) et les magnifiques plans larges sur les paysages nous transportent au gré de l’histoire.

Le film a assurément des défauts (quel film n’en a pas ?), tout comme un diamant brut. "7. Koğuştaki Mucize" est malgré tout un drame à voir absolument.

Elsa CarapetEnvoyer un message au rédacteur

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