7 JOURS
Résiste, prouve que tu existes !
Ayant de plus en plus de mal à supporter la pression quotidienne que leurs parents et leurs professeurs leur font subir, un groupe de lycéens décide un jour de se barricader dans une usine désaffectée, dans laquelle un jeune réfugié thaïlandais vient par hasard de trouver refuge pour échapper à la police. C’est le début d’un siège qui s’étendra sur sept jours…
Événement majeur du festival d’Annecy 2020 (où il était en compétition) et nouvelle adaptation du roman éponyme d’Osamu Souda (que Hiroshi Sugawara avait déjà traité sous format live en 1988), "7 jours" renoue avec ce thème séculaire du cinéma nippon qu’est la révolte face à l’autorité (étatique, parentale, scolaire, etc…). De certains vieux films d’Ozu jusqu’au diptyque "Battle Royale" en passant par tout un tas d’animés centrés sur la rébellion adolescente, l’idée a fait son chemin et aura donné naissance à des résultats variés. Ce qu’en fait Yuuta Murano avec ce film d’animation obéit à une logique évolutive et romantique que l’on retrouve plutôt chez des auteurs comme Makoto Shinkai ou même John Hughes. Soit un groupe de jeunes qui troquent leur statut de héros révoltés pour ceux d’individus à la fois soudés par un idéal et tourmentés par leurs secrets.
En plus d’offrir un arc dramatique très consistant à chacun des personnages, Murano et son scénariste Ichiro Okouchi mettent ainsi en scène une jeunesse pétrie de convictions et de contradictions, désireuse d’en passer par l’émancipation pour trouver sa voie loin des adultes – surtout la police et les politiques – qui tentent de les reléguer au rang de « gamins ». Tendre et subtil dans son mariage d’émotion et d’humour (ce qui n’exclut pas le spectaculaire au sein d’un contexte de huis clos), le film est en outre d’une grande beauté visuelle, tirant profit d’une animation relativement simple pour se concentrer sur des visages, des gestes, des attitudes, avec un arrière-plan utilisé comme contrepoint. On s’émeut de cette rébellion et de ceux qui en portent le message, comme on s’émouvait il y a quelques décennies de cette poignée d’adolescents rebelles de "Breakfast Club" qui, en pleine heure de colle, lâchaient leur envie de fuir le compartimentage social et de tracer leur propre voie, poing levé, en liberté. Un état d’esprit libertaire qui, décidément, traverse les âges sans s’abîmer.
Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur