5 HECTARES
Malaise capillotracteur
Franck, chercheur à l’institut Pasteur, vient d’acheter avec sa femme Léo une maison à la campagne et 5 hectares de terrain. Leur arrivée est vue d’un mauvais œil par le voisinage agricole, car elle met fin à des petits arrangements entre éleveurs. Pour ne plus être considéré comme un Parisien envahissant, Franck s’obstine à vouloir lui-même exploiter ce nouveau terrain et pour ça il lui faut un tracteur…
Inspirée par l'histoire d'un de ses amis parisiens soudain obnubilé par la terre après avoir acheté une maison de campagne, la scénariste Marie Desplechin décide avec Émilie Deleuze de réaliser une « comédie ». Pour cela, elles installent leur héros dans "5 hectares" limousins. Un cadre précis très vite transgressé, puisque Franck s'échappe rapidement dans un road movie de 100 km en tracteur. Une quête rurale originale qui, en termes de comédie semblait être le terreau idéal pour ponctuer le récit de nombreuses mésaventures rocambolesques, mais qui au final s'avère être une simple énumération d'anecdotes furtives (certainement celles rapportées par le copain). En effet, chaque personnage secondaire ne dépasse pas le stade de la simple caricature bâclée. À l'exception peut-être de l'éleveur de chevaux dépressif, mais son rôle deviendra vite superflu tant le film n'a pas grand-chose à raconter.
Ainsi, le parti-pris comique devient vite un flop, mais là où le film devient gênant c'est dans sa propension à diluer des petits messages furtifs un chouia réactionnaires. On remarque vite que Franck et sa femme sont fumeurs. Un détail qui pourrait être anodin, sauf que ça devient presque ridicule de voir à quel point la caméra insiste sur le fait qu'ils fument. On a aussi une petite remarque rapide sur le fait que le voisin a rencontré une femme sur internet et que forcément ça ne peut pas durer. Enfin, il y a cet épisode impromptu où des gendarmes et des vétérinaires font une descente digne du raid chez une exploitante. On n'en apprendra pas plus sur les tenants et aboutissant de cette scène à part un cinglant « c'est à cause de Bruxelles ». Que le film ait un parti pris c'est une chose, mais encore faut-il développer et exposer ses arguments. En résulte un film totalement brouillon qui enchaîne les scènes stériles et les raccourcis scénaristiques, le tout entrecoupé de longs plans où Lambert Wilson s'extasie au volant de son vieux tracteur blanc.
Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur