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3H10 POUR YUMA

Un film de James Mangold

Travail de sape

Un dangereux criminel est capturé dans une petite ville. On persuade un éleveur de convoyer en secret le hors-la-loi par le train de Yuma en échange d'une forte prime et de l'estime de son fils. Très vite se met en place une guerre des nerfs…

De retour depuis quelques années, le genre western est abordé par des réalisateurs non spécialisés, mais ayant un style visuel propre, de Ron Howard à aujourd’hui James Mangold. C'est ce dernier qui s'y colle, avec une certaine réussite, avec un film où les personnages prennent le dessus sur l'action, comme le combat psychologique sur les tirs de colts. Entre un Christian Bale, cachant un lourd secret, et un Russell Crowe, mi Robin des bois - mi tueur psychopathe, le combat fera rage au cours de leur périple, chacun essayant de percer la coque de l'autre !

C'est d'ailleurs de cette opposition que va naître l’aspect le plus intéressant du film, un certain respect, comme un code d'honneur entre deux hommes que rien ne rapproche, l’un attaché à des valeurs, à sa famille, et l’autre sans foi ni loi, désabusé par une vie de violence et de traîtrise... Mais sans un bon affrontement, le western n'en serait pas un. Et c'est dans les 20 dernières minutes que la tragédie se met en place, où toute une ville vient se mettre en travers de leur chemin, attirée par une prime pour tueurs à gages.

Tout, des regards aux gestes, est pensé avec économie, sans aucune fioriture, afin de laisser passer l'émotion et la douleur des personnages ! La fin du film est prévisible, et c'est cela qui le rend encore plus terrible, car rien ne peut absoudre un homme, rien ne peut l'élever. Alors, tout autant derrière la caméra, avec James Mangold, que devant, avec les deux grands acteurs sus-nommés, le film prend corps, grâce à une accumulation de talents et d'envies. Et le réalisateur prouve au passage que son « Copland » avec Stallone était finalement son premier western tellement il maîtrise les codes du genre.

Un film dur, comme l'époque où il s'y déroule, emprunt de tristesse, de grandes espérances, mais aussi de violence sauvage. Un pur bonheur pour le spectateur. En fin de compte, courez voir « 3H10 pour Yuma », un western crépusculaire, plein de fureur, parfaitement filmé et interprété.

Guillaume BannierEnvoyer un message au rédacteur

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