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3 JOURS À QUIBERON

Un film de Emily Atef

Portrait intime d'une Romy Schneider isolée, incarnée par la bluffante Marie Bäumer

Fatiguée, Romy Schneider se repose pour quelques jours en cure dans un hôtel à Quiberon. Son amie allemande Hilde la rejoint et l'accompagne pour une séance photo avec un photographe ami et une interview avec un journaliste du Stern...

C'est à deux jours d'échanges entre l’icône Romy Schneider et ces deux hommes, ponctués de sorties en forme d'incartades au régime mis en place, ainsi qu’à une troisième journée en forme d'épilogue que nous invite Emily Atef, la réalisatrice de "L’étranger en moi". Dans un film certainement tout sauf « mal intentionné » ou voyeur, contrairement à ce qu’affirme ces derniers jours sa fille, choquée par une représentation initiale de l’actrice, comme dépendante aux médicaments, à l’alcool et potentiellement à la cigarette.

Biopic plutôt à part, "3 jours à Quiberon" s'intéresse en effet plus à l'intime et aux dilemmes de l’actrice, entre image publique et vie privée, ou entre carrière et présence auprès de ses enfants, qu'aux histoires concernant ses choix de rôles ou ses amants, supposés ou véridiques. Avec tact, il évoque le doute et la fragilité, grâce à un scénario qui la montre à la fois vivante, généreuse, expansive, mais aussi malheureuse. Sentiment d’être exploitée, liberté bridée par l’image, Marie Bäumer ("En équilibre") dispose ici d’un rôle tout juste immense, dépassant largement la troublante ressemblance physique.

Dans un magnifique noir et blanc, Emily Atef met en scène le malaise, l'envie de vivre, et la difficulté de faire confiance. Elle magnifie les paysages de rivages, met en scène une virevolante séance photo. Si on pourra lui reprocher d’en faire peut-être un peu trop dans la démonstration de l’humanité et de la simplicité de la femme, elle parvient tout de même, grâce à son actrice, à rendre un peu de la fascination exercée par Romy Schneider. Elle livre ainsi une approche intéressante des paradoxes de la célébrité et un beau portrait de femme, tout simplement.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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