Festival Que du feu 2024 encart

1982

Un film de Tommy Oliver

Trop artificiel pour susciter l’émotion recherchée…

Un père tente de sauver les apparences auprès de sa fille pour lui cacher les problèmes de drogue que rencontre sa mère. Mais rapidement, les agissements de sa femme vont mettre l’homme en danger…

Semaine après semaine, la caméra de Tommy Oliver s’attache à filmer la déchéance d’une femme qui tombe dans l’enfer de la drogue. Shenae a pourtant tout pour être heureuse, un mari aimant et une adorable petite fille, mais la sortie de prison de son ancien dealer et petit copain va venir bousculer ce quotidien idyllique. Avec sobriété et pudeur, le réalisateur préfère s’intéresser aux conséquences de l’absence de la mère plutôt que nous la montrer en train de se shooter. C’est par le regard du père, archétype de l’homme parfait, prêt à tout pour que sa fille ne soit pas trop perturbée, que les spectateurs vont découvrir le sort de cette femme à la dérive.

Si le film est indéniablement touchant, il est également beaucoup trop larmoyant, le cinéaste recourant à de nombreux artifices pour essayer de titiller nos glandes lacrymales. De par son postulat manichéen, avec d’un côté le bon père et de l’autre cette mère antipathique, "1982" crée une ambiance particulière où l’incompréhension prend le dessus sur la compassion. Car le portrait de cette femme qui dénigre sa famille et qui multiplie les coups bas envers celle-ci ne nous pousse pas à l’attendrissement. Bien au contraire, on se demande tout le long du métrage comment le personnage de Tim peut avoir envie de se battre pour aider son ex-compagne tant son comportement exemplaire et ses valeurs devraient lui permettre d’avoir toutes les femmes à ses pieds.

Si cet axe pouvait être intéressant, le parti-pris aurait mérité un peu plus d’ambiguïté pour véritablement être efficace. Ainsi, très rapidement, on se lasse des troubles que traverse la jeune mère, et seule la relation entre le père et sa progéniture captive notre attention. L’alchimie entre les deux est parfaite, une émotion palpable se dégageant de leurs différents échanges, un regard bienveillant de Tim, magnifiquement interprété par Hill Harper, suffisant à réchauffer nos cœurs.

Malgré la force de ce duo, les différentes erreurs et facilités scénaristiques cantonnent le métrage aux drames efficaces mais terriblement banals. Et même l’arrivée du gangster Alonso, apportant avec lui un climat anxiogène, n’y changera rien, nos mouchoirs resteront dans la poche. Toutefois, pour les quelques envolées lyriques et la sincérité criante qui se dégage des scènes entre la bambine et son paternel, ce film méritait bien une note positive.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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