Festival Que du feu 2024 encart

17 ANS

Un film de Didier Nion

Portrait d'une génération perdue entre hier et demain. Un joli documentaire.

A dix-sept ans, Jean-Benoît ne sait pas trop où il en est. Son enfance malheureuse entre une mère assez sévère et un père absent lui ont laissé de lourdes cicatrices. Le voilà qui débute un apprentissage de mécanicien, l’apprentissage de la dernière chance. Entre le garage où il travaille, sa relation amoureuse avec Héléna et ses rapports difficiles avec sa mère, Jean-Benoît s’avère incapable d’affronter ses responsabilités. Pourtant, peu à peu, il tente de s’en sortir…

« Je vais l'avoir, cet examen. Enfin j'espère… », dit Jean-Benoît dès les premières minutes. Les images sont extraites de « Juillet », documentaire précédent de Didier Nion, qui observe son héros tandis qu'il poursuit son chemin. Jean-Benoît a alors quatorze ans, mais déjà une bonne dose de plomb dans la tête. Ici l'enfant du divorce raconte son passé avec des mots crus, des mots de grande personne. Ses regards, bien plus expressifs que ses discours, nous laissent désemparés face à une situation tragique et moderne.

La forme ne rejoint heureusement pas le fond, et si les propos sont acides, les cadres se font respectueux de l'intimité du jeune adolescent. Pas une seule fois Didier Nion ne tombe dans le mélodrame, pourtant facile. Jean-Benoît garde sa dignité, gagne le courage de dix hommes pour tenter d'affronter ce père qui l'a abandonné mais qui continue à le hanter. « Ce documentaire a été une véritable aubaine, autant pour moi que pour Jean-Benoît , raconte Didier Nion. Le projet est né quand il m'a appelé pour me dire qu'il avait peur de faire une connerie. La seule chose qui lui restait, c'était « Juillet ». Ca a alors été comme une évidence ; il fallait qu'on retravaille ensemble. »

Bien au-delà du simple fait divers, Didier Nion dresse un portrait subtil, triste et amer d'un être. Sans prétention, il parvient à montrer ce que nous refusons de voir en général. Jean-Benoît devient peu à peu l'image la plus criante d'une nouvelle génération déchue et le symbole d'un mal-être profond. L'unique plaisir reste l'amour, représenté par Héléna. Seule échappatoire, la jeune fille apparaît comme le dernier lien qui unisse Jean-Benoît à une humanité qu'il tente de retrouver. Et même si parfois, la mise en scène prend un peu trop le pas sur la réalité, le résultat reste une excellente surprise. Du grand art.

Lucie AnthouardEnvoyer un message au rédacteur

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