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Un film de Richard Donner

Sauvez Willis !

Policier alcoolique, dépressif et surtout très fatigué, Jack Mosley se voit obligé au petit matin de convoyer un prisonnier du poste de police au tribunal, quelques rues plus loin. Un travail à priori simple et rapide, trop peut être, surtout que le petit voyou a bien des choses à dire au procureur, et que cela ne plaît pas à tout le monde, y compris dans la police. Alors la traversée de New York au petit jour va se révéler plus difficile que prévu...

Un drôle de film me direz vous. D'un coté un côté polar 70 avec ses flics sales, méchants et dépressifs, de l'autre un film où finalement tout se passe très rapidement sans que vraiment les péripéties soient développées. En clair un film à l'ancienne, bien plus proche d'un Narc dans le traitement que d'une énième version de l'Arme fatale ou de Die hard.

Bruce Willis est méconnaissable en personnage à la fois gros, cheveux grisonnants, fatigué et boiteux (manquerait plus qu'il soit manchot, mais là il pourrait plus répondre au téléphone). Il traverse le film, traînant toute sa détresse avec lui, comme un fardeau, et une drôle d'impression suicidaire se répand alors. Il est autant pitoyable qu'attristant.

Et Richard Donner filme avec habileté la ville autour de lui, comme un fracas bruyant, plein de fureur et de fourmis se déplaçant dans tous les sens. Les seuls intermèdes de calme se passent dans des lieux plus confinés (magasins désaffectés, bus, couloirs du métro etc…) où, paradoxe, les personnages semblent encore moins en sécurité.

Mais cette approche à la manière d'un western urbain ancre parfaitement le film dans les seventies, aussi bien avec des gunfights très classiques dans leur illustration et leur déroulement, loin de la voltige imposée par les asiatiques, qu'avec des ripoux présents d'un bout à l'autre du film, qui font ici figure de notables ayant un lourd secret à cacher.

Partout des pièges sont tendus en temps réels, chaque mouvement des deux cibles sont épiés surveillés et anticipés avec à la clef des tentatives d'élimination, rendant ainsi le film plus nerveux mais aussi plus stressant. Certes le déroulement et les retournements de situation semblent classiques, surtout pour le héros, devenant à la fois la cible des méchants et des bons flics, mais jamais on ne perd plaisir à suivre cette traversée de la ville.

En fin de compte un polar très plaisant, chose rare en ce moment, mais qui ne révolutionne pas le genre, faute à sa réalisation nostalgique et surtout à un scénario tout de même un peu faiblard.

Guillaume BannierEnvoyer un message au rédacteur

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