107 MOTHERS
Une proximité du documentaire qui sert le propos sur les mères en prison
Alors quelles sont en prison à Odessa, en Ukraine, des femmes accouchent. Elles doivent alors passer une quarantaine de deux semaines avant de retrouver leurs enfants, qu’elles pourront ensuite allaiter et voir régulièrement, jusqu’à l’âge de 3 ans, au delà duquel ils devront être confiés à un proche ou placé en orphelinat…
Basé sur les vraies histoires livrées par des femmes de la prison d’Odessa (Ukraine), "107 Mothers" adopte une facture proche du documentaire, entre plans fixes calculés et montages d’entretiens d’une geôlière avec certaines d’entre elles. Laissant le temps pour l’explication de leur incarcération (souvent l’adultère du mari, menant au meurtre de celui-ci ou de sa maîtresse…) ou la manière dont elles sont tombées enceintes (parfois d’un homme détenu dans la même prison…), le film lève le voile sur une partie du fonctionnement de la prison, tout en limitant les personnages à un monde féminin, entre gardes, infirmières et autres fonctions.
Afin de créer un équilibre entre le sordide du traitement qui leur est infligé à l’intérieur (lecture voire censure des lettres reçues, séances écourtées avec l’enfant, écoute des conversations au parloir, jugement rendu par enregistrement interposé…), Péter Kerekes a choisi aussi d’illustrer des moments de vie extérieure d’une des employées de la prison, chargée de nombreuses tâches en interne, mais aux prises dehors avec une mère aux idées bien arrêtées sur le rôle des femmes. Finalement pas vraiment mieux considérée ou traitée à l’extérieur, la femme est donc au cœur du récit, arrivant ou non à exister, à l’image de deux prisonnières en particulier auxquelles s'intéressent le metteur en scène, qui n’auront pas la même chance et devront composer avec leur entourage. Témoignage ouaté de mauvais traitements, "107 Mothers" résonne comme un appel douloureux.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur