100 KILOS D'ÉTOILES
Ne pas y aller par 4 chemins
Loïs a une passion, l’espace, et elle a un rêve, devenir astronaute. Mais le hic c’est que Loïs a un corps, un corps qu’elle n’accepte pas. Suite à un malaise, elle se retrouve dans une unité spécialisée dans un hôpital. Elle y rencontre Amélie, Stannah et Justine. Ensemble, elles vont tout faire pour que Loïs puisse participer au concours du CNES à Toulouse et peut-être gagner un vol en zéro gravité pour quatre…
Marie-Sophie Chambon aime ses personnages et ça se voit. Ils sont bien écrits et bien filmés. Les jeunes filles sont belles et bien mises en valeur, sans jamais cacher leur différence. Elles sont aussi intelligentes, malicieuses et pleines de répartie. Elles se complètent et avancent ensemble. Elles se sont bien trouvées. Mais la galerie de personnages secondaires aussi, est mise en valeur. On apprécie ce professeur de physique qui veut bien faire, mais qui met les pieds dans le plat. On aime aussi ce gentil technicien du CNES qui vient parler de son travail. Mais surtout, surtout, on aime le très beau personnage du père. Un homme simple, hors des critères de beauté, mais un homme d’amour. Un homme qui aime et qui ne veut que le bonheur de sa femme et de sa fille, qu’il trouve belles sans qu’elles semblent le comprendre.
Entre quête individuelle et film de groupe, "100 kilos d’étoiles" est un très beau film sur l’amitié. Chacune des quatre filles existe et a un arc à part intéressant. Justine est électrosensible et elle détruit toute technologie qui se trouve dans son périmètre direct. Elle veut aller vivre dans une grotte loin de toute technologie. Ses troubles ne sont pas arrivés par hasard, mais suite à un drame dans sa vie. Stannah, surnom des plus irrévérencieux quand on en connaît l’origine, est en fauteuil. Elle est coquette et aime plaire. Une scène très bien écrite montre sa douleur au quotidien quand un garçon commence à lui parler. Enfin, Amélie, peut-être celle dont Loïs se sent la plus proche, son opposé en quelque sorte, est anorexique. Elle est allée dans plusieurs centres. Ce qu’elle aime par-dessus tout c’est filmer et créer des illusions avec l’image. Elle va offrir à son amie son premier voyage sur la Lune. C’est elle qui lui donne la motivation et la hargne. Très irrévérencieuse, elle est la plus vieille du groupe, mais aussi la plus puérile. Un personnage touchant.
La force du film est de savoir faire fonctionner ces quatre jeunes filles ensemble, tout en maintenant leur spécificité. La scène des « fesses » en est un parfait exemple, très touchant. Enfin, ce feel good movie est chaudement recommandé pour toute son introduction et ses passages sur Jupiter. À découvrir.
PS : La grossophobie a fait son entrée dans le Robert en 2019. Ce film est donc des plus actuels. Il traite de manière intelligente le sujet, depuis l’intérieur, sans aucun misérabilisme ni aucune moralisation.
Thomas ChapelleEnvoyer un message au rédacteur