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VANCOUVER 2011 – Bilan
Une belle quinzaine à Vancouver
Le Festival du Film International de Vancouver (VIFF) vient de s’achever et il est temps de faire le bilan, et surtout de noter dans son agenda les films-événements à ne pas louper.Le VIFF pour sa trentième année a encore battu des records avec 152 000 tickets vendus (sur au total plus de 600 projections). Il a été une fois de plus le lieu où voir un nombre impressionnant de films (386 exactement, dont 240 long-métrages pour 80 pays), dont nombreux avaient déjà créé le buzz dans d’autres festivals : Cannes bien sûr, Berlin, Venise, San Sebastian, mais aussi Sundance, Tribeca, Locarno, Deauville… Des chiffres, beaucoup de chiffres, qui montrent le succès grandissant du Festival et surtout la curiosité et l’enthousiasme des Vancouverois (et des médias présents). Le VIFF étant avant tout un festival orienté vers le public, cela montre aussi que la population de la région est en manque de ce type d’événements et de films du monde entier (et pas seulement nord américains). Il serait peut-être temps d’ouvrir la Côte Ouest au cinéma indépendant, européen, asiatique…
Si les organisateurs célèbrent le succès du Festival avec ces chiffres impressionnants, les mêmes chiffres peuvent aussi être perçus comme le seul aspect négatif de ce genre de festival. Trop de films et de projections : la programmation est un vrai casse-tête pour les cinéphiles et profiter pleinement du festival requerrait deux semaines de vacances. Trop de spectateurs : les détenteurs d’accréditations et de cartes d’abonnement n’étaient jamais sûrs de pouvoir effectivement voir les films les plus populaires, à moins d’arriver une heure avant la séance de projection. Le Festival peut donc s’avérer être parfois un vrai parcours du combattant…Le Festival a aussi remis des prix :
Le prix du Film Canadien le plus populaire est allé à « Starbuck ».
« Starbuck » (tourné en français) vient de sortir en salles (prochainement en France) et il fait déjà beaucoup parler de lui. L’histoire de David Wosniak, un éternel adolescent de 42 ans, qui découvre alors que ses choix de vie ont eu des conséquences bien au-delà de ce qu’il n’avait jamais imaginé : ayant été un prolifique donneur de sperme (et un amateur d’argent facile), il découvre qu’il est le père biologique d’un nombre impressionnant d’enfants, 533 pour être précis…
Le Prix du Public est allé au film Iranien « Une séparation » (suivi de près dans le classement par « The Artist » de Michel Hazanavicius). Il est peu étonnant que les spectateurs aient voté en masse pour ce film, tant son succès fut impressionnant pendant le VIFF : les séances se sont multipliées pendant le Festival et ont fait systématiquement salle comble (sans oublier de mentionner l’accueil très chaleureux de la communauté iranienne de Vancouver). L'histoire ? En Iran, un père refuse à sa femme le divorce qui lui permettrait de partir vivre avec sa fille à l'étranger. Celle-ci part alors s’installer ailleurs et lui se retrouve seul à devoir s’occuper de son père, atteint de la maladie d'Alzheimer. Pour faire face, il décide d’engager en secret une femme dont le mari, pourtant au chômage, est opposé à ce qu'elle travaille...
Un autre film iranien a créé le buzz au VIFF : « Circumstance » (en fait un film aux multiples nationalités : américain, iranien, français). Primé au festival de Sundance, ce très beau film traite de la répression dont les femmes sont victimes en Iran. Il a reçu un accueil très chaleureux de la part du public pendant le VIFF, la communauté iranienne était réunie au Vogue pour célébrer la Première du film et la présence de l’actrice principale (locale), Nikohl Boosheri. Le film va finalement sortir en salle au Canada (alors qu’aucune date n’était annoncée jusqu’à il y a encore quelques jours).
« Circumstance » est l’histoire de deux jeunes filles, Atafeh (Boosheri) et Shireen (Sarah Kazemy), aux familles et à l’éducation très différentes, qui sont pourtant inséparables. Ensemble, elles vont découvrir la vie underground de Téhéran, faite de fêtes, drogue, sexe, et autres défiances du système. Malheureusement, tout n’est pas si facile pour les deux jeunes femmes, déterminées à être elles-mêmes, ceci malgré le danger que cela représente. Quand le frère de Atafeh revient à la maison après une cure de désintoxication, il se met en tête de séparer les deux jeunes filles…Enfin, le Prix Dragons et Tigres pour le Jeune Cinéma (Dragons and Tigers for Young Cinema) est allé à « The Sun-Beaten path » de Sonthar Gyal, un film chinois-tibétain (trois nominations à Locarno cette année). Sorte de road-movie, « The Sun-Beaten path » est l’histoire d’un jeune homme, en apparence mentalement dérangé, lors de son voyage au Tibet. Trouvant que le bus ne va pas assez vite pour lui, Nyma décide de finir le voyage à pied, s’exposant alors à des écarts de température dramatiques entre le jour et la nuit. Le suit dans son voyage un vieil homme dont il refuse systématiquement les signes d’amitié. On découvre alors qu’au-delà d’un simple trajet en bus et à pied, ce voyage est aussi un voyage spirituel, entre culpabilité et chagrin.
Repartis sans prix et pourtant à ne pas manquer en salle (aucune date annoncée pour l’instant), « Like crazy » de Drake Doremus, qui a remporté le Grand prix du Jury au Festival de Sundance cette année. Une histoire d’amour entre deux jeunes étudiants, elle britannique, lui, américain. Une histoire d’expiration de visa empêche la belle de revenir aux États-Unis pour le retrouver, et les voilà séparés par des milliers de kilomètres. Le couple va devoir faire face à de nombreux défis… Et surtout le magnifique premier film australien de Beck Cole, « Here I am », probablement mon film favori de tout le festival. L’histoire de Karen, qui, après avoir passé deux ans de sa vie en prison pour une histoire de drogue, loin de sa famille, et de sa petite fille qu’elle a à peine connue, s’installe dans un foyer pour femmes (toutes aborigènes), déterminée à se battre pour retrouver sa fille et reprendre sa vie en main.
Une belle quinzaine donc, et de beaux moments de cinéma.