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Un Poing c'est court 2024
Festival Un Poing c’est court 2024 - retour sur le Programme 3
Tour d’horizon des 6 courts métrages qui composent le Programme 3 du Festival du film court francophone de Villeurbanne 2024, avec nos impressions sur les films. Pour les notes, elles d’étalent comme pour les longs, de 0 (mauvais), 1 (décevant), 2 (intéressant), 3 (bon film), 4 (très bon film) à 5 étoiles (chef d’œuvre).
JE VOUS PROMETS LE PARADIS de Morad Mostafa (4 étoiles)
Eissa, 17 ans, fuit son pays, l’Egypte, avec sa femme et son fils, après un incident pour lequel il risque de mortelles représailles.
C’est une fuite et pourtant le personnage est toujours immobile et figé, l’action est ellipsée. Le personnage n’a aucune émotion, ou du moins il n’en montre aucune, mais pourtant il sacrifiera sa place pour que sa femme et son fils partent en Europe. Un mélange bien déroutant : un minimum de gestes pour un maximum d’impact sur le public. Visuellement, le film est incroyable, on est plongé dans un monde à la fois onirique et terrible. Morad Mostafa oppose la splendeur d’une église construite dans la roche d’une grotte avec les bidonvilles et décharges. La lumière jaune aride de ce film n’a pas fini de nous hypnotiser.
CEUX QUI RÊVENT de Zineb Bouzid (2 étoiles)
Des frères et sœurs apprennent que le terrain hérité de leur père risque de se vendre : certains y croient, d’autres n’y croient pas. Feront-ils fortune avec la vente de ce terrain ?
C’est un film entre espoir et cynisme où l’on voit les rêves et déceptions des existences de chaque membre d’une famille. On pourrait cependant trouver dommage que le film soit si explicite et qu’il ne développe aucun sous texte. On se consolera dans l’énergie joyeuse et enfantine que les personnages retrouvent à mesure qu’ils osent croire qu’ils pourraient faire fortune.
UNE VOIE LACTEE de Quentin Moll-Van Roye (4 étoiles)
Emilien rend visite à son père, un agriculteur, avec son fils. Il est venu lui annoncer qu’il va vendre la ferme.
L’histoire est des plus simple : Emilien va surprendre une tentative de suicide de son père et essayer de l’arrêter. La merveille n’est pas là, elle est dans la mise en scène. Le rythme est parfait, la tension présente dans chaque plan. Une tension permise grâce à un extraordinaire travail sur le son. C’est un film qui sait mettre en valeur le paysage français. La ferme est pareil à une maison fantôme. On y dénonce évidemment le dénuement dans lequel peuvent être plongés les agriculteurs et les fermiers. Si l’on donne l’opportunité à ce réalisateur de faire des longs-métrages, il ferait des merveilles.
MON FRERE de Johannes Vorillon (2 étoiles)
Noé s’occupe de son frère, Cédric, né avec un handicap, il est prêt à tout pour lui, mais n’arrive pas à parler de sexualité avec lui.
Il est difficile d’aborder le tabou de la sexualité d’une personne handicapée et c’est le cœur de ce film qui lui-même, parfois Morad Mostafa n’aborde pas le sujet aussi bien qu’il le pourrait. Le jeu des acteurs interprétant Noé et Carla ne parait pas des plus justes dans certaines situations, et les dialogues sont beaucoup trop explicites. Malgré ces imperfections dommageables, quelle scène finale ! [ATTENTION SPOILER] Noé a le courage d’aider son frère en détresse sexuelle, puisque les prostituées sont trop compliquées, il aidera son frère à se masturber. Il ne le masturbe pas, il guide la main de son frère jusqu’à son sexe et la met en mouvement pour lui. Voilà comment on affronte un tabou : en révélant au public quelque chose qu’il était incapable d’imaginer. Oui, ce genre de chose arrive et ce n’est pas grave.
SOKHNA de Boris OUE (1 étoile)
En Afrique, Sokhna, une fille sans père, nous raconte son histoire, depuis la rencontre de ses parents jusqu’à son émancipation.
C’est l’histoire d’une naissance : une fille qui perd toutes les personnes qui lui sont chères et qui devraient prendre soin d’elle (un père absent, une mère malade…). Elle finit par être accueillie dans la famille de son oncle et se transforme en cendrillon : on lui confie toutes les tâches ménagères et on la fait se sentir comme une malpropre. Elle trouvera finalement le courage de fuir. Cette histoire, peut-être autobiographique, possède un défaut de taille : il n’y a pas la maitrise des codes cinématographiques. Une voix off grossière et des clichés d’écriture et de mise en scène, viennent couper une émotion dont on ne pourrait pas douter de la sincérité.
LE MILIEU DU GARAGE de Lisa Bolduc (3 étoiles)
Le quotidien d’un homme tranquillement chez lui est perturbé suite à l’arrivée d’un mystérieux coffre dans son garage. Sur le coffre est écrit : « qui m’ouvre, gagne »…
C’est la lutte absurde d’un homme contre un coffre. Une folie qui vient perturber son quotidien, lui dont la vie morne venait progressivement l’éteindre. Au fur et à mesure qu’il essaye d’ouvrir cette boite, quelque chose se transforme en lui, c’est comme s’il retrouvait cette fascination dont sont capables les enfants, comme s’il redevenait un peu plus vivant. Au final, la boite s’ouvre, et il rentre et s’enferme dedans. Que se passe-t-il ? Mystère. Peut-être trop de mystère ? Disons qu’il se réfugie dans cette boite qui lui a permis de retrouver une vitalité.
Yvan Coudron Envoyer un message au rédacteur