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Cannes 2017

cannes 2017 - Une précarite toujours grandissante

Les situations de précarité furent le quotidien de nombreux personnages, qu’ils soient réels ou fictifs, au centre des films présentés au 70e Festival de Cannes. Outre ceux traitant du parcours du combattant (voir autre article bilan dédié à ce sujet), on trouvait notamment des films décrivant en toile de fond les difficultés financières de leurs personnages ("Jeune femme", "Une femme douce"), ceci quelle que soit l’époque ("Rodin") ou mettant en avant les petites gens des campagnes françaises ("Visages villages" d’Agnès Varda et JR). Mais ce sont surtout deux films qui abordèrent le sujet de manière réellement frontale, tous deux sélectionnés à la Quinzaine des réalisateurs.

Il y eu d’abord "Mobile Homes", portrait prenant d’une mère incapable d’élever son enfant. La première scène, où elle essaye de le faire placer, donne d’emblée le ton du film, entre détresse morale et financière. Relatant les petites arnaques du quotidien, l’influence malfaisante du compagnon, "Mobile Homes" est une œuvre âpre et sans concession, dont la caméra portée traduit parfaitement la fébrilité d’une héroïne qui n’envisage aucune issue. Un film dont le dénouement est porteur d’une jolie symbolique sur l’impossibilité d’une vie meilleure.

"The Florida project", nouveau film de Sean Baker, après Tangerine, aura sans doute été le film le plus pertinent sur le sujet. Situant son action dans un motel à proximité du royaume magique de Disneyland, l’auteur dépeint la galère d’une jeune femme élevant seule sa fille, et s’enfermant dans une spirale de pauvreté que rien ne semble pouvoir arrêter. Créant un doux équilibre grâce à la gamine (le film est tourné en grande partie à sa hauteur), espiègle et inconsciente, et au personnage du gérant du motel (Willem Dafoe), à la fois compréhensif et exigeant, le metteur en scène concocte un film lumineux où l’espoir n’est qu’une amère illusion. Le révélateur d’une véritable urgence et d’une absence de solutions ou perspectives.