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Berlin 2012
Berlin 2012 - En vrac 3 : Flying sword of the dragon gate, Sleepless knights, For Ellen, Konig des comics...
Hors compétition
Flying sword of the dragon gate
de Tsui Hark, avec Jet Li, Zhou Xun, Chen Kun, Kwai Lun Mei...
Projection remise à plus tard
Pas grand chose à dire sur le nouveau Tsui Hark, puisqu'il nous a été impossible de le voir dans des conditions admissibles. Faute d'information préalable à la projection de presse, beaucoup de journalistes ont découvert, dès les premières minutes du film, que les sous-titres anglais étaient aux abonnés absents et que la copie était donc sous-titrée uniquement en allemand. Se précipitant dehors pour récupérer des écouteurs, certains ont eu aussi la surprise de découvrir que le traducteur anglais n'était lui, pas encore arrivé... Après quelques minutes de film avec la traduction simultanée en français, voix unique doublant tous les personnages, et décalage faisant perdre la moitié des phrases, nous avons finalement abandonné. La seule chose que l'on peut donc vous dire sur le film, c'est qu'il revêt une approche très proche des jeux vidéo, avec par exemple le personnage vaincu lors du premier combat, que se retrouve en plein vol, entouré de planches qui forment peu à peu un cercueil en s'assemblant les unes aux autres. A découvrir, plus tard donc...
Forum
Sleepless knights
de Stefan Butzmühlen et Cristina Diz avec Raúl Godoy, Jaime Pedruelo...
La grandeur perdue
Autre histoire d'amour au masculin, l'espagnol « Sleepless knights » déroule son récit dans les paysages semi-désertiques et les savanes d'Extremadure, les « dehesa » comme on dit là-bas, sortes de plaines aux grandes herbes, jalonnées d'arbres isolées. Un policier fraîchement arrivé dans un village fait la connaissance d'un jeune homme revenu sur place pour l'été, travailler comme barman.
Film d'ambiances, « Sleepless knights » montre une Espagne reculée, fière de son passé et perturbée dans le lointain par les remous d'un mouvement 15M (mouvement des indignés, altermondialiste lancé le 15 Mai 2011 à Madrid). Il file l'ennui comme dominante quotidienne, des anciens reconstituant les faits glorieux de jadis (la prise du château face à l'ennemi maure), tout comme des deux amants, amenés à regretter le Madrid animé qu'ils ont tous deux quitté. La fin de saison s'annonce avec amertume, comme si le temps des décisions difficiles était arrivé. Troublant et plutôt pessimiste.
Forum
For Ellen
de So Yong Kim avec Paul Dano, Jena Malone, Jon Heder...
Dernier contact
Après un début plutôt classique, cette histoire d'un père refusant de laisser la garde de sa fille à une femme qui ne veut même plus lui adresser la parole, « For Ellen », du nom de la petite fille en question, emprunte des sentiers peu conventionnels et trouve son propre rythme. Filmé très proche des corps, comme pour tenter de capter leur souffrance intérieure, le film de So Yong Kim agace par son cliché de l'artiste maudit, ongles noirs, inclinaison pour l'alcool, calme pacifiste exacerbé, autant qu'il surprend par le portrait de son jeune avocat, gamin inconscient qui cherche à se faire des amis dans le trou paumé où se déroule l'intrigue.
Mais le plus touchant sera bien sûr la confrontation entre ce père absent et sa fille, petit bout de femme qui ne l'a jamais réellement connu, et dont la candeur se double d'une incroyable conscience de ce qui se joue ici. Le combat du personnage est donc d'autant plus bouleversant qu'il fait appel à des instincts légitimes, tels que la peur d'être remplacé voire oublié, et la crainte d'avoir vécu pour rien.Panorama Dokumente
König des comics
de Rosa von Praunheim, avec Ralph König, Joachim Król, Hella von Sinnen, Ralph Morgenstern...
Un simple panorama
Documentaire sur « le roi des comics », ce film produit par Arte nous propose une plongée dans l'univers particulier du dessinateur de Bandes dessinées allemand Ralph König. Sa particularité: dessiner en quelques traits des personnages aux rondeurs ou attitudes évocatrices, pour mieux aborder de manière générale le milieu homosexuel ainsi que les attitudes d'hommes et femmes qui se posent beaucoup de questions, sur le couple, le quotidien à deux, la paternité, le racisme...
Si l’œuvre de l'auteur est assez passionnante et a déjà été adaptée au cinéma avec le controversé « Les nouveaux mecs » ou le cradingue « Killer condom » (« La capote qui tue »), il est bien difficile de retranscrire celle-ci à l'écran. D'autant qu'ici l'option choisie, n'est pas, contrairement au « Tatsumi » d'Eric Khoo, de montrer certaines histoires en animation, mais de nous donner à voir de nombreux passages issus d'une lecture publique, avec projection des cases de la BD, faite par l'auteur à l'occasion de ses 30 ans de carrière. Même si elle est doublée par un entretien entre un fan suisse et Ralph könig lui-même, permettant de mettre en parallèle sa vie et ses thématiques récurrentes, cette revisite de ses BD phares, laisse un peu sur sa faim. Vivement ses prochaines adaptations au cinéma, en live avec « Le divan de la psychologue », ou sous forme de dessin-animé avec son irrespectueux triptyque sur la Bible.
Panorama
My brother the devil
de Sally El Hosaini avec James Floyd, Saïd Taghmaoui, Nasser Memarzia, Fady Elsayed...
Masques
Film britannique, « My brother the devil » nous introduit au sein d'une famille dans laquelle le frère aîné fait figure de modèle pour son cadet. Débrouillard, celui-ci joue les revendeurs et se fait un max d'argent. La nuit, une superbe black vient le rejoindre, passant par la fenêtre, pour éviter d'alarmer des parents déjà forts réprobateurs de son comportement. Pour le plus jeune, le nom de son frère sert de passe-partout ou de protection, même si celui-ci le tient à l'écart de ses activités. Mais vis à vis d'autres clans, il constitue aussi une malédiction.
Mais le scénario prend tout à coup un virage inattendu quand la situation dégénère entre les deux gangs rivaux. Ce frère « modèle », ce diable redouté ou méprisé montre alors un visage humain, que sa condition sociale lui oblige à cacher. Histoire de masques, de rôles que l'on se donne, « My brother the devil » vise juste, en prenant le contre-pieds de tous les clichés qu'il semble charrier dans un premier temps. Une vraie bonne surprise.
Panorama
Diaz don't clean up this blood
de Daniele Vicari avec Elio Germano, Jennifer Ulrich, Claudio Santamaria...
Coup de poing
Que pouvait donner un film italien traitant du G8 et de la charge policière nocturne sur la DIAZ, bâtiment abritant un centre de médias alternatifs, organisé pour permettre la diffusion d'images autres que celles des médias nationaux ou officiels ? Un film percutant, c'est une certitude... Construit en une série de boucles, revenant sur ce qui constituera l'excuse pour commettre l’innommable -une bouteille jetée contre une voiture de police- , « Diaz, don't clean up this blood » est un film coup de poing, militant, à la fois pour le droit d'expression, et pour un monde plus juste, où les puissants ne seraient pas protégés par une police aveugle et revancharde.
La présence au générique d'Elio Germano, jeune acteur récompensé à Cannes pour son rôle dans « La nostra vita », avait attiré notre attention. Le résultat est percutant, propulsant le spectateur au cœur d'un massacre sans fin, défoulement de violence amené à se répéter, si on laisse faire. Un film étendard, qui prend son temps pour revenir sur les destins tragiques de multiples protagonistes et nous emmener chaque fois un peu plus loin dans cette nuit cauchemardesque. À voir absolument.
Panorama
Rent a cat
de Naoko Ogigami avec Mikako Ichikawa, Reiko Kusamura, Ken Mitsuishi, Maho Yamada, Kei Tanaka...
Petite douceur
Quoi de mieux pour terminer un festival bien rempli, qu'une petite douceur. La voici donc qui débarque du Japon, avec l'histoire d'une jeune femme vouée à attirer les chats, qu'elle décide de louer à des gens bien attentionnés, pour combler leur solitude. Construit à la manière d'un rituel, ce « Rent a cat » résonne comme une fable généreuse qui vous met du baume au cœur.
À chaque potentiel client, la jeune femme fait passer un test d'éligibilité, visitant son lieu de vie et questionnant ses motivations. Puis vient la signature du contrat de « location », aux termes plus étranges que juridiques. Au bout du compte, la réalisatrice n'évite pas les redites, mais séduit par son ton décalé (la fille s'invente des métiers alternatifs...) et ses quelques personnages saugrenus, comme une voisine des plus masculines... Intrigant et délicat.
Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur