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DOSSIERIl était une fois

IL ÉTAIT UNE FOIS… Memento, de Christopher Nolan

C'est l'histoire d'un film d'exception, un film qui s'affranchit de toutes les règles de narration, un film renversant qui a porté plus d'un cerveau à ébullition. Il s'agit du second long-métrage d'un réalisateur britannique qui deviendra par la suite un poids lourd à Hollywood. À la fois révolutionnaire et fondateur, "Memento" ne laisse personne indifférent. Mais quelle est son histoire, son message ? Dans quel contexte a-t-il été écrit et réalisé ? Finalement la question est simple : qu'est-ce qui fait de "Memento" un grand film ?

Une histoire de famille…

L'histoire commence en 1996, au mois de juillet. Christopher Nolan et son frère Jonathan traversent les États-Unis en direction de Los Angeles où Christopher part s'installer. La discussion se porte alors sur une ébauche d'histoire, un concept sur lequel travaille Jonathan. L'histoire d'un homme à la mémoire défaillante qui tente tant bien que mal de venger la mort de sa femme. Christopher est séduit et décide alors de travailler sur un scénario pour le cinéma. Quant à Jonathan, une fois de retour à Washington où il poursuit ses études, il décide d'entreprendre la rédaction d'une nouvelle basée sur la même histoire. Pendant plus d'un an, les deux frères vont continuer à correspondre afin d'échanger leurs doutes, leurs idées et la vision globale de leurs deux projets.
En 1997, Emma Thomas épouse Christopher et commence une carrière dans la production audiovisuelle. C'est elle qui présentera à Aaron Ryder, un des dirigeants de Newmarket Films, le scénario de "Memento" qu'a rédigé son mari. Ryder en restera cloué sur son fauteuil et déclarera : c'est « peut-être le script le plus innovant que j’ai jamais vu ». Peu après cela, Newmarket confie 4,5 millions de dollars à Nolan pour réaliser son second long-métrage.

Le puzzle "Memento"…

On pourrait résumer le génie narratif de Christopher Nolan par une seule de ses idées. Une idée qu'il a eue deux mois environ après avoir commencé à travailler à partir de l'idée de Jonathan. "Memento" sera un film sur la mémoire de Leonard Shelby, mais il aura beaucoup plus d'impact s'il manœuvre aussi la mémoire du spectateur. D'où l'idée géniale de monter le film en séquences anti-chronologiques. Ainsi Nolan transforme un simple film sur la mémoire en une véritable expérience. C'est grâce à cette idée que le scénario final voit le jour en 1997. C'est également cette idée géniale qui poussera Ryder à croire et à investir dans le projet.

En réalité, il ne s'agit pas simplement de raconter l'histoire de manière anti-chronologique. En effet, l'histoire principale est tournée en couleur et son intrigue nous est présentée de la fin vers le début, mais des scènes en noir et blanc, montées dans l'ordre chronologique s'intercalent parmi les séquences de l'histoire principale. Et c'est là que tout cela devient très intéressant. Les scènes en noir et blanc constituent une sorte de prologue à l'histoire principale. Cependant, elles sont présentées aux spectateurs en parallèle de cette dernière. On ne peut parler ni de flash-back, ni de flash-forward, les deux histoires évoluent en parallèle pour finir par ce rejoindre au bout d'une heure et 53 minutes de film. La fin est donc le milieu de l'histoire. En effet, les deux intrigues commencent au début du film, la partie 1 (en noir et blanc) va dans l'ordre tandis que la partie 2 (en couleur), qui est en fait la suite de la partie 1, part de la fin pour retourner vers le début. Le passage du noir et blanc à la couleur qui intervient à la fin du long-métrage marque donc le milieu de l'intrigue imaginée par Nolan.

C'est en grande partie la manière dont il est construit qui fait de "Memento" un grand film, un film qu'il faut avoir vu pour se prévaloir d'une quelconque culture cinématographique. Ce talent pour la narration combiné à ce qui ressemble à de l'aversion pour la linéarité, c'est cela le cinéma de Christopher Nolan. Nous ne sommes qu'en 2000, soit dix ans avant "Inception", mais on sent déjà cette virtuosité, ce talent pour raconter une histoire comme personne d'autre n'aurait pu le faire. Nolan se joue complètement du temps et de l'espace. Ils ne deviennent que des accessoires, des accessoires au service de sa narration. Il s'en joue mais en garde toujours la maîtrise. D'ailleurs il déclara en 2000 au site indiewire.com : « Evidemment j'ai utilisé des dispositifs de continuité comme dans "Following": les blessures, l'apparence, toutes ces choses qui donnent des indices quant à l'endroit où vous êtes chronologiquement et la relation entre les différentes scènes ». Aussi complexe que soit le script de "Memento", Nolan en garde une parfaite et absolue maîtrise. Comme dans "Following" ou "Inception", chaque élément, chaque accessoire peut nous servir à nous repérer, à spéculer, à interpréter l'histoire dont on est témoin. Je cite "Inception" car le web regorge de théories plus ou moins fondées sur la fin du film et les diverses interprétations qui peuvent en découler.

On touche ici à une nouvelle particularité du cinéma de Nolan. Il laisse au public le soin de se creuser la cervelle avec d'innombrables interprétations (comme je suis en train de le faire). Chaque scène, chaque indice peut être disséqué. Plusieurs hypothèses sont possibles et le restent parfois jusqu'à la fin du film. Le parfait exemple de ce genre de fin « ouverte » étant encore une fois "Inception".

Dans "Memento" Nolan nous laisse le choix. Teddy peut être un menteur qui essaye jusqu'au bout de profiter du handicap et de l'obsession de Leonard Shelby. Ou alors il dit la vérité et il ne cherche qu'à protéger Leonard de lui-même. Certains flash-back vont dans ce sens comme cette scène en noir et blanc où l'on voit Sammy dans son hôpital psychiatrique puis Leonard à sa place en image subliminale. Un autre flash-back, où on voit Léonard et sa femme allongés, prend partie pour Teddy. Sous le tatouage «John G. Rapes and murdered my wife » (« John G. a violé et tué ma femme ») il est écrit: « I've done it » (« Je l'ai fait). Cette partie du tatouage n'existe que dans ce flash-back. Elle semble donc être un indice de plus que nous lance Nolan.
Cependant dans certaines éditions du DVD, les commentaires audio de Nolan indiquent le contraire :
« À ce stade du récit, le public en est à un tel point, il a une telle soif de vérité, tout comme Leonard, qu'il accepte les explications du menteur [Teddy]. Le public accepte ces réponses parce que c'est ce qu'il veut. C´est ce qu'il attend. On a voulu remettre ça en cause. Les gens s'accrochent à cette grammaire du cinéma, qui veut que l'on nous dévoile la vérité à la fin, alors que ce film la défie clairement. »
— Christopher Nolan, commentaire audio DVD

L'ouverture…

Le film commence par un fondu au noir sur un tirage de Polaroid. Étrangement, au lieu de devenir de plus en plus claire, la photo s'assombrit. On se rend alors compte que cette scène d'ouverture se déroule en fait dans le mauvais sens, comme si on la rembobinait.
Quand on connaît l'intrigue de "Memento" et ses particularités, cette scène devient très intéressante. Elle a pu être montée de cette manière afin d'indiquer au spectateur le « sens » de l'histoire et ce avant même qu'elle ne commence. Mais la photo qui s'assombrit peut tout aussi bien figurer la mémoire. Au lieu d'être de plus en plus claire, la mémoire se ternit, elle s'assombrit comme le fait la photo à l'image. Cette deuxième interprétation donne à réfléchir. Serait-ce une manière pour Nolan de nous dire qu'on ne peut pas faire confiance à sa mémoire et qu'elle ne peut pas non plus être fixée sur Polaroid ? Il s'agirait alors, comme dans "Inception", d'un indice laissé à l'attention du spectateur, un indice qui pourrait l'éclairer une fois le film terminé afin de l'amener à une interprétation.

La jonction…

Il s'agit du meurtre de Jimmy Grantz ou plus exactement du développement de la photo du meurtre. En effet, Leonard Shelby, qui ne sort jamais sans son Polaroid, prend en photo les meurtres qu'il commet afin de ne pas oublier sa vengeance. Lorsque Leonard secoue la photo de Grantz celle-ci apparaît petit à petit et dans le même temps l'image se colore. Dans l'ordre chronologique de l'histoire, il s'agit de la première scène en couleur. Il s'agit d'un moment clé, un moment extrêmement important dans le film. Il vient juste après le dénouement (lequel intervient donc en réalité au milieu de l'histoire), c'est le moment où tout s'éclaire, où tout s'imbrique. Les scènes en couleur et en noir et blanc se rejoignent et c'est alors que tout prend sens. Tout s'éclaire, tout se colore comme le fait le film. On comprend le lien entre les scènes en couleur et en noir et blanc mais avant tout, on comprend tout des motivations de Leonard, des petits mots qu'il s'est écrit etc.

Note à moi-même…

En définitive "Memento" est une enquête. Une enquête que mène le spectateur à propos de Leonard Shelby. Qui est-il ? Comment en est-il arrivé là ? Pourquoi fait-il tout cela ? Mais avant tout, pourquoi s'est-il laissé cette note ? Au cours du film on revient dans le passé en allant de note en note. Pourquoi ne doit-on pas faire confiance à ce personnage ? Pourquoi doit-on croire celui-ci ? Comme un fil rouge, c'est cette dernière question que Leonard doit constamment se poser mais qu'il finit par ignorer sachant très bien qu'il n'en aurait jamais la réponse. Il n'a donc d'autre choix que de faire aveuglément confiance aux notes qu'il prend. Pendant l'une des scènes en noir et blanc Leonard explique que le conditionnement l'aide à vivre et qu'à cet égard il agit par instinct à la manière d'un chien de Pavlov. En réalité c'est à la fois ce qui l'aide à vivre et ce qui le fait tourner en rond à la recherche de John G. Car pour vivre il n'a d'autre choix que de faire aveuglement confiance à ses notes, ainsi il choisit à chaque instant ce qu'il doit retenir ou oublier. Il peut ainsi se convaincre lui-même qu'une personne n'est pas digne de confiance, même si au départ ce n'est pas la réalité. En ne se faisant confiance qu'à lui-même et en se faisant manipuler par ses propres émotions, Leonard ne se sauve pas, il creuse sa propre tombe…

La vengeance…

Un des thèmes récurrents chez Nolan est la mort de la femme du héros. Mort pour laquelle ce dernier se sent coupable, que ce soit à tort ou à raison. On retrouve notamment ce schéma dans "Le Prestige" ou dans "Inception". Dans "Memento" c'est moins la culpabilité que la vengeance qui anime Leonard Shelby.

De ce point de vue, Nolan apporte une réponse intéressante. La vengeance serait une fin en soit. Je m'explique, le personnage principal ne cherche qu'une chose durant tout le film, venger la mort de sa femme. C'est écrit sur sa poitrine et à chaque regard dans le miroir il se souvient qui a tué sa femme, c'est amplement suffisant pour en faire une obsession d'autant plus lorsqu'on est incapable de savourer sa vengeance plus de cinq minutes. C'est cette objection que pose Teddy à Leonard à la fin du film. Comment peux-tu être si sûr de ne pas déjà avoir trouvé l'homme que tu cherches. Et puis quand bien même ce ne serait pas déjà fait, tu oublieras ta vengeance quelques minutes après l'avoir exécutée, alors à quoi bon ? C'est précisément à cette question que répond Nolan. C'est vrai, cette vengeance est absurde. Elle ne servira à rien et ne soulagera pas non plus Leonard puisqu'il l'oubliera. Mais ce n'est pas ce que souhaite ce dernier. Non, en réalité Leonard Shelby ne souhaite qu'une chose, chercher l'assassin de sa femme. Il le dit lui-même dans l'une des toutes premières scènes en noir et blanc : « Sammy n'avait pas de motivation pour vivre. Moi… oui… j'ai une motivation ». Chercher l'assassin de sa femme est la seule chose qui le maintient en vie. Se venger ne l'intéresse pas vraiment, non ce qu'il souhaite c'est chercher et imaginer sa vengeance, au point qu'il se crée lui-même des puzzles insolubles en se servant de sa maladie.

Mais qui est donc Sammy Jankis ?

Personnage extrêmement important que celui-ci. Sammy Jankis sert d'exemple à Leonard pour nous exposer son problème, son « état » comme il l'appelle lui-même. À chaque oubli, le premier tatouage que voit Leonard est celui qu'il a sur la main gauche « Remember Sammy Jankis », c'est ce tatouage qui lui permet de ne pas perdre complètement pied et de se souvenir de ce qui lui arrive. C'est pourquoi il radote l'histoire de Sammy Jankis à tout le monde, pour expliquer sont état et pour ne pas l'oublier lui-même.

Tout au long du film un parallèle se crée donc entre l'histoire de Sammy et celle de Leonard Shelby. Sammy était un comptable en fin de carrière mais suite à un accident de voiture, il a perdu sa mémoire à court terme ne pouvant plus créer aucun souvenir. C'est alors qu'il rencontre Leonard. Ce dernier a été envoyé par la compagnie d'assurance de Sammy pour essayer de prouver que ce dernier n'a aucun problème d'ordre physique. En bon enquêteur des assurances il y parvient. Sammy Jankis ne sera pas couvert, c'est à sa femme de payer les frais médicaux. Cette dernière est diabétique et c'est Sammy qui lui fait ses injections quotidiennes. Décidée à comprendre ce qui arrive à son mari, Mme Jankis décide de le mettre une dernière fois à l'épreuve. Elle demande à Sammy de lui faire son injection d'insuline, puis quelques minutes plus tard, elle recule l'heure de sa montre et recommence. À chaque fois Sammy fait l'injection ne se doutant pas qu'il en a déjà fait une quelques minutes plus tôt. Finalement, sa femme tombe dans un coma dont elle ne sortira jamais. Il est ensuite placé dans une institution où il vivra sans savoir que sa femme est morte.

L'histoire de Sammy est d'autant plus intéressante qu'elle comporte de nombreuses similitudes avec celle de Leonard. Ils souffrent tous deux d'amnésie antérograde soit l'incapacité à retenir de nouvelles choses et leurs femmes respectives sont mortes dans des circonstances plus ou moins liées à leur maladie. Le flash-back à la toute fin du film, juste après la révélation de Teddy, où on voit Leonard en train de faire une injection d'insuline à sa femme semblent indiquer que c'était en fait la femme de Leonard qui était diabétique. Selon Teddy, Sammy Jankis n'aurait été qu'un simple escroc démasqué par Leonard. D'un autre côté Teddy a déjà profité de la faiblesse de Leonard en le poussant à tuer, il pourrait très bien être en train de le refaire. Le film soulève encore une énième question, qui était vraiment Sammy Jankis ?

Confiance et mémoire…

"Memento" pose une question fondamentale. À quel point notre passé et les souvenirs qu'on en garde nous définissent-ils ? Que serions-nous sans ces souvenirs ? Car même s'il est en pleine possession de ses moyens physiques et cognitifs, un homme n'est qu'un légume s'il ne peut se souvenir de rien pendant plus de cinq minutes. On remarque au cours du film que Leonard Shelby est quelqu'un de très intelligent mais aussi quelqu'un au regard et au sens affûtés, des qualités qui lui viennent de son ancienne carrière d'enquêteur en assurance et qui l'aident au quotidien pour surmonter ses problèmes de mémoire. Rigueur, méthode, méfiance envers les autres et confiance absolue en ce qu'il se note, voilà les règles de vie de Leonard Shelby. La faculté à se souvenir est étroitement liée à la confiance qu'on place dans certaines personnes. On fait confiance à quelqu'un car on se rappelle qu'on peut le faire sans risque. C'est une chose dont Leonard est incapable depuis son accident. Il est donc contraint de suivre sa première impression, son instinct. Il n'y a aucun recul dans les notes qu'il prend au dos de ses photos, mais il leur fait tout de même entièrement confiance.

"Memento" démontre à quel point mémoire et confiance sont liées et à quel point il est difficile de faire la part des choses lorsque l'on n'a absolument aucun moyen de les mettre en perspective. Leonard n'a d'autre choix que de faire confiance à son instinct, une confiance aveugle et dangereuse qui le rend en même temps très seul. Cette part d'ombre ressort visuellement dans le film grâce aux décors et à la lumière choisis par Nolan. De petits motels miteux de Californie et une lumière assez terne donnent au film ce côté mystérieux et un peu oppressant. Le tournage était d'ailleurs initialement prévu à Montréal, il a été déplacé à L.A. afin de créer une atmosphère plus réaliste et noire pour le film.

Réception

Avec le prix du jury au Festival du cinéma américain de Deauville en 2000, deux nominations aux Oscars en 2002 et le prix du meilleur nouveau cinéaste aux MTV Movie Awards pour Christopher Nolan également en 2002, "Memento" est un énorme succès critique. Avec ce film, Nolan éclabousse Hollywood de son talent. À l'aube du troisième millénaire, plus personne dans l'industrie du cinéma ne peut ignorer ce jeune réalisateur britannique.

Après cette impressionnante tournée des festivals, aucune difficulté pour trouver des distributeurs étrangers. Le film a été projeté dans plus de 20 pays à travers le monde et a réalisé près de 224 000 entrées en France. Aux États-Unis la mission fut plus périlleuse. Newmarket Film a été obligé de distribuer lui-même le film, un geste risqué financièrement mais qui a payé, notamment grâce au cinéaste Steven Soderberg qui n'a pas tari d'éloge sur Nolan et son long-métrage. Le film a finalement engrangé près de 40 millions de dollars dans le monde dont plus de 25 millions et demi aux USA.

Enfin, pour de nombreux experts médicaux, "Memento" est une des représentations les plus fines et les plus réalistes de l'amnésie antérograde. Pour Christof Koch, neuroscientifique américain, "Memento" est « la représentation la plus précise des différents systèmes de mémoire dans les médias populaires ». Le médecin Esther M. Sternberg, du National Institute of Mental Health (Institut National de la Santé Mentale), identifie quant à elle le film comme « proche de l'exploration parfaite de la neurobiologie de la mémoire ».

Après ce succès auprès du public, de la critique et des experts, la Warner offrit à Nolan l'opportunité de récidiver en lui confiant d'abord un remake du thriller norvégien "Insomnia" de Erik Skjoldbjærg ainsi que la réalisation de la nouvelle trilogie Batman.

Travail de fan

Il existe de nombreuses versions du film "Memento" remis dans l'ordre sur le web en plus de celle présente sur l'édition collector du DVD. Un travail que l'on doit à certains fans du film et qui permet de voir les choses du point de vue des autres protagonistes (ceux qui n'ont pas de problèmes de mémoire)…

Informations

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Adrien Verot Envoyer un message au rédacteur

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