GLADIATOR 2
Le plein de scènes d’action, mais de réels problèmes d’écriture
Seize ans après la mort Marc Aurèle et des années après celle du général Maximus, Hanno (alias Lucius), élevé parmi le peuple des numides, se retrouve prisonnier des Romains suite à un assaut de leur ville par la mer, mené par le général Acacius, qui a fait abattre sa compagne d’une flèche dans la poitrine. Devenu esclave, il est acheté par Macrinus, qui voit en lui un puissant futur gladiateur, animé par la rage. Prêt à se battre, il entend bien avoir la tête d’Acacius, devenu l’époux de Lucilla, l’ancienne femme de Marc Aurèle…
Il y avait dans le premier "Gladiator" quelque chose de puissant et d’intime, allant bien au-delà des scènes d’action, déjà mémorables, qui avait valu à l’époque de nombreuses récompenses au film, mais aussi un revival du genre Péplum dans les productions américaines. Avec ce second chapitre (Ridley Scott en préparerait déjà un troisième), les fans auront sans doute leur lot de scènes d’actions, dans une reconstitution encore plus détaillée (grâce aux progrès des images de synthèses depuis), mais il faut bien avouer que le scénario, s’il s’appuie intelligemment sur notions de pouvoirs et de complots, et s’en révèle finalement plus complexe, souffre de quelques problèmes d’écriture et de compression d’une histoire qui aurait mérité plus de temps, et du coup plus de finesse.
Clairement c’est ici l’action qui prime, histoire de donner du grand spectacle au bien nommé spectateur. On a droit ainsi à une impeccable scène d’introduction qui donne l’ampleur de la puissance de l’Empire romain, avec l’attaque d’une cité en bord de mer par une impressionnante flotte de navires aux tourelles d’assaut efficaces. Suivront divers combats du héros et ses acolytes face à des singes enragés, un rhinocéros monté par un homme debout, un bateau dans des arènes inondées et infestées de requins (sic), voire-même dans des salons. Rondement menés, grâce à un découpage qui magnifie leur côté barbare et sanglant, Ridley Scott ne peut cependant s’empêcher d’en faire trop sur la fin, avec notamment un ralenti inutile lors d’une scène d’égorgement. Mais le spectacle est là, prévenant le moindre ennui.
Et pourtant c’est dans la complexité d’un scénario façon tragédie grecque, qui fait pourtant bien le lien avec le premier volet, que le film souffre d’un trop plein. Même si l’auteur parvient à conserver un temps le mystère quant au véritable méchant de l’histoire, il s’appesantit trop sur le faux suspense lié à l’identité d’Hanno (auquel seuls ceux qui n’auront pas vu "Gladiator" seront peut-être sensibles), et ses liens avec les romains, anéantissant ainsi toute réelle émotion quant à sa rancœur et à de possibles retrouvailles avec son destin. Du coup le personnage de Paul Mescal (excellent acteur de "Aftersun" et "Sans Jamais nous connaître") n’en reste qu’une figure monolithique, à laquelle on inflige une récurrence de « discours inspirants » qui frôle l’overdose voire parfois l’incongruité. C’est finalement Denzel Whashington qui lui vole clairement la vedette, gardant un peu de son mystère jusque dans une dernière demi heure un peu appuyée. De nombreux problèmes d’écritures jalonnent donc le métrage, certaines scènes semblant d’ailleurs manquer à l’appel (par exemple, pourquoi des sénateurs sont-ils soudain enchaînés dans l’arène ?). Mais la sensation de survol de certains enjeux dramatiques, comme le caractère schématique de certains personnages (celui de Pedro Pascal, les deux empereurs…) freine toute émotion dans ce péplum pourtant visuellement réussi.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur