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Sarlat 2024

Sarlat 2024 - Sélection Tour du monde

Section sans doute la plus riche et diverse du Festival de Sarlat, le Tour du monde permet de dénicher quelques curiosités venues des quatre coins de la planète, et pour certains déjà passés par les plus grands festivals (Cannes, Berlin, Venise). On vous révèle ici nos préférés, histoire de vous guider un peu dans la multitude, le festival ne durant que 5 jours.

Festival de Sarlat 2024 : sélection Tour du Monde
© "Au Pays de nos Frères" - Alpha violet - JHT Films

Quelques pépites berlinoises

Ce trois longs métrages venus de la Berlinale 2024, qui auront trouvé leur chemin vers Sarlat cette année. Le plus enthousiasmant est sans doute le film iranien "Mon Gâteau Préféré", reparti certes bredouille, mais qui figurait alors parmi les favoris. Il s'agit d'une des rares vraies comédies de cette édition, avec le portrait d'une femme âgée, veuve, décidée malgré les conventions, à être entreprenante avec un chauffeur de taxi qui n'a jamais eu d'enfants. Un film tendre, qui aborde la condition de la femme en Iran par un biais inattendu.

Lumineux, malgré un sujet sensible et grave, "My Summer with Irene" vaut également le détour. On peut y suivre deux adolescentes admises dans une institution pour se rétablir, qui se prennent d'amitié l'une pour l'autre et se font la belle, afin de passer un été en Sicile, dans la maison louée par les parents d'Irène pour ce qui devait être des vacances. Un film touchant dans lequel on retrouve Noée Abita. Enfin "Berlin, été 42", œuvre plutôt classique et sans surprise, fera le portrait de Hilde, jeune allemande devenue résistante anti-nazis. Si l'actrice principale, Liv Lisa Fries ne démérite pas, on reste tout de même un peu sur sa faim.

Les perles cannoises

Ce ne sont pas moins de 9 longs métrages venus du Festival de Cannes qui seront projetés cette semaine à Sarlat dans le tour du monde, sans compter ceux qui figurent dans d'autres sections, comme "Animale" ou "Vingt Dieux"...

Commençons par celui qui était sans doute le meilleur film de toutes les sections confondues, et qui finalement l'aura emporté du côté d'Un Certain Regard. "Black Dog", film chinois sur un homme sorti de prison qui revient dans son village aux portes du désert de Gobi et devient ami avec un chien noir errant qu'il est censé au départ mettre en fourrière. Sur la base d'un intelligent scénario, Hu Guan concocte un film à la fois dépaysant et bouleversant sur l'exclusion.

Deux autres films méritent également le détour. D'abord "La Convocation", récipiendaire de la Caméra d'or, dans lequel brille Renate Reinsve ("Julie en 12 chapitres") en mère d'une froideur implacable, convoquée à cause des agissements de son fils. Une brillante et intense réflexion sur les apparences, la notion de coupable et le poid de la société. Ensuite on trouve un troisième film venu de Un Certain Regard, le somalien "Le Village aux Portes du Paradis", où le désert a également son importance, fera le portrait d'une famille en recomposition, composée d'un père vivant avec son fils, bientôt rejoint par sa tante divorcée. La beauté picturale du métrage n'a d’égal que le sentiment de lutte qui en ressort pour un droit à l'éducation mais aussi à une vie irriguée d'un minimum de liberté.

A noter également deux films issus de la compétition, qui n'ont pas fait l'unanimité. Le premier s'intitule "Bird", est signé Andrea Arnold et fait le portrait d'une jeune fille prenant en charge telle une adulte son père et son frère. Un film naturaliste dans lequel Franz Rogowski tente d'amener une petite dose de poésie au delà de la misère. Le second est un biopic en partie complaisant sur le poète Edouard Limonov, connu pour être un agitateur politique. Signé du Russe Kirill Serebrennikov, la mise en scène enlevée et virtuose n'empêche pas que les choix narratifs soient critiquables, "Limonov, la ballade" passant finalement assez vite sur la période la plus sombre de l'artiste.

Également au programme le beau et troublant "Les Damnés" de Roberto Minervini, tourné en pleine nature par un froid de canard, montrant la Guerre de Sécession de manière inattendue, comme une longue attente où le questionnement sur le rôle de chacun entraîne des réflexions bien plus profondes. Enfin on notera aussi la présentation de "My Sunshine", film japonais sur les a priori de genre et d'orientation sexuelle, autour d'un petit garçon voulant faire du patin à glace pour plaire à une fille. Une œuvre cruelle à la beauté plastique indéniable. Unique représentant de la Quinzaine des Cinéastes, "Good One" suivra quant à lui Sam, 17 ans, accompagnant son père et un ami à lui dans une randonnée dans les montagnes Catskills (État de New York), dans un périple laborieux où le réel sujet n'apparaîtra que sur le tard. Enfin les plus curieux pourront découvrir la séance unique du documentaire "Ernest Cole, Photographe" de Raoul Peck, passé par les séances spéciales cannoises.

La lagune à Sarlat

Si l'on exclue les films présentés dans les autres sections, et ils sont nombreux, il faut avouer que les trois films venus de Venise et son lido pour la section Tour du monde sont tous cette année de très bonne qualité. A commencer par "Aïcha", portrait d'une jeune femme tunisienne qui profite d'un accident pour refaire sa vie à la ville, sous une autre identité. Mais elle n'est pas au bout de ses efforts, un policier l'entraînant dans une nouvelle impasse. Un film choc, à l'interprète principale imposante, qui navigue entre critique de la condition de la femme et de la corruption ambiante.

Également au programme le film brésilien "Je suis toujours là" qui fait le portrait d'une femme dont le mari député a été enlevé sous la dictature militaire et qui tâche de protéger ses enfants tout en ne lâchant rien pour retrouver son mari. Egalement porté par une actrice formidable, ce nouveau film de Walter Salles ("Carnets de voyage") a reçu le prix du meilleur scénario au Festival de Venise. Récipiendaire lui du Grand Prix du jury, "Vermiglio, la Mariée des Montagnes" bénéficie d'une belle photographie et d'une interprétation chorale pour la peinture du destin des filles d'une même famille au lendemain de la première guerre mondiale. Une réussite, entre film politique et chronique rurale qui ne manque pas de cruauté.

D’autres curiosités à la belle réputation

Enfin parmi les 6 films restant, 3 viennent d'Asie, 1 du moyen orient et 2 des Amériques. Film japonais, "Le Jardin Zen" fera le portrait d'une femme ayant rejoint une secte, dont la vie est perturbée par le retour de son mari après des années d'absence. Venu de Corée du Sud, "Hiver à Sokcho", avec Roschdy Zem dans le rôle principal, celui d'un Français débarquant dans la pension où travaille une jeune femme de 23 ans, qui n'a jamais connu son père français. Une histoire de lien qui se forme, dans l'engourdissement hivernal. Enfin "Au Pays de nos Frères" deuxième film iranien de la section, retracera le destin d'une famille de réfugiés afghans sur trois décennies. On espère beaucoup de ce petit film.

Non loin de là, au Liban, se situera l'action de "Le Quatrième Mur", nouveau film de David Oelhoffen ("Loin des Hommes"), adaptation du Prix Goncourt des lycéens 2013 signé Sorj Chalandon. Une histoire œcuménique de montage d'une pièce de théâtre alors que la Guerre Civile fait rage. Laurent Lafitte et Simon Abkarian sont au générique. Enfin du côté des Amériques, "Mexico 86" mettra en scène Bérénice Bejo en militante révolutionnaire guatémaltèque qui poursuit son action politique à Mexico, tandis que l'américain Jesse Eisenberg enverra deux cousins trentenaires juifs aux caractères radicalement différents sur les traces de leur grand mère en Pologne. "A Real Pain", au titre à double sens, est passé par la compétition du dernier Festival de Deauville.

Les 21 films de la section Tour du monde :

A REAL PAIN
de Jesse Eisenberg
avec Jesse Eisenberg, Kieran Culkin, Will Sharpe, Jennifer Grey...

AÏCHA
de Mehdi M. Barsaoui
avec Fatma Sfar, Yasmine Dimassi, Nidhal Saadi...

AU PAYS DE NOS FRÈRES
de Raha Amirfazli et Alireza Ghasemi
avec Mohammad Hosseini, Hamideh Jafari, Bashir Nikzad...

BERLIN, ÉTÉ 42
de Andreas Dresen
avec Liv Lisa Fries, Johannes Hegemann, Lisa Wagner...

BIRD
de Andrea Arnold
avec Barry Keoghan, Franz Rogowski, Nykiya Adams, Jason Buda...

BLACK DOG
de Guan Hu
avec Eddie Peng, Tong Liya, Jia Zhangke, Zhang Yi

ERNEST COLE, PHOTOGRAPHE
documentaire
de Raoul Peck

GOOD ONE
de India Donaldson
avec Lily Collias, James Le Gros, Danny McCarthy...

HIVER À SOKCHO
de Koya Kamura
avec Bella Kim, Roschdy Zem, Park Mi-Hyeon...

JE SUIS TOUJOURS LÀ
de Walter Salles
avec Fernanda Montenegro, Fernanda Torres, Selton Mello...

LA CONVOCATION
de Halfdan Ullmann Tøndel
avec Renate Reinsve, Ellen Dorrit Peterson, Øystein Røger...

LE JARDIN ZEN
de Naoko Ogigami
avec Hayato Isomura, Mariko Tsutsui, Noriko Eguchi, Tsuyoshi Muro...

LE QUATRIÈME MUR
de David Oelhoffen
avec Laurent Lafitte, Simon Abkarian, Manal Issa...

LE VILLAGE AUX PORTES DU PARADIS
de Mo Harawe
avec Axmed Cali Faarax, Canab Axmed Ibraahin, Cigaal Maxamuud Saleebaan...

LES DAMNÉS
de Roberto Minervini
avec Jeremiah Knupp, René W. Solomon, Cuyler Ballenger...

LIMONOV. LA BALLADE
de Kirill Serebrennikov
avec Ben Wishaw, Masha Mashkova, Tomas Arana...

MEXICO 86
de César Diaz
avec Bérénice Béjo, Léonardo Ortizgris...

MON GÂTEAU PRÉFÉRÉ
de Maryam Moghaddam, Behtash Sanaeeha
avec Lily Farhadpour, Esmail Mehrabi...

MY SUMMER WITH IRENE
de Carlo Sironi
avec Noée Abita, Maria Camilla Brandenburg, Claudio Segaluscio...

MY SUNSHINE
de Hiroshi Okuyama
avec Keitatsu Koshiyama, Kiara Nakanishi, Sosuke Ikematsu...

VERMIGLIO - LA MARIÉE DES MONTAGNES
de Maura Delpero
avec Martina Scrinzi, Giuseppe De Domenico, Tommaso Ragno, Roberta Rovelli...

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur

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