HORIZONTE

Une longue expiation

Basilio ère dans des champs verdoyants. Il ne cesse de marcher, cherchant sa mère, Inès Oto. Enfin il aperçoit cette maison de son enfance, fait le tour du terrain, traverse un potager à l’abandon, et frappe à la porte. Mais sa mère ne veut pas lui ouvrir, ne reconnaissant pas sa voix. Racontant alors certains souvenirs, il finit par la convaincre. Ensemble, ils vont parcourir un peu du pays à la recherche du père disparu, tels deux fantômes témoins d’un passé violent…

"Horizonte" est un film colombien qui sans doute ne manquera pas de diviser. Avec le parcours d’un fils revenu des factions armées et une mère dont le mari a été enlevé par les militaires, c’est avant tout une histoire d’expiation qui se déroule ici. Mais la facture expérimentale de l’ensemble, si elle aurait pu relever de l’hypnotique comme dans le saisissant "Domingo et la Brume", fait dans la surenchère d’esthétisme et d’effets théâtraux, transformant l’ensemble en une réflexion pesante ponctuée cependant de quelques moments d’émotion indéniables. On est d’abord séduit par une introduction étrange aux teintes tristes, faisant la part belle aux bruits du vent, dans les feuilles comme dans les maïs, mais aussi au brouillard, d’où sortent les souvenirs d’hommes armés comme finalement ce personnage de Basilio, dans ce très beau plan avec cadre dans le cadre lorsque sa mère lui ouvre enfin la porte.

Les couleurs ne sont évoquées que par un souvenir des murs peints de la maison, aujourd'hui abimés. Et la mémoire de l’enfance, comme de l’arrivée d’hommes armés, se mélange avec le présent. Le plan séquence dans des rues semblant abandonnées, pénétrant dans des intérieurs, poursuit ce voyage, effaçant les silhouettes d’une procession croisée, racontant les exécutions autant en voix-off que par la succession sonore de coups, tirs, bruits de pas, de souffles et d’explosions. Et c’est bien dans cette superposition et la multiplicité des manières d’aborder les exactions commises, que le film devient trop démonstratif et symbolique pour réussir à sortir de la construction purement intellectuelle. Restent quelques moments où l’émotion prend finalement le dessus, comme lorsque la mère nettoie délicatement l’une des victimes du fils, déterré au pied d’un arbre.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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