ANYWHERE, ANYTIME

Un film de Milad Tangshir

Un sentiment d’impuissance

Issa, jeune migrant, se voit refuser une place au marché de Turin pour son étale, par le gestionnaire qui a eu droit récemment à un rappel par la police. Un ami lui conseille de prendre un compte de livreur à vélo. Issa achète alors une bicyclette pour 40 euros. Mais lors d’une de ses premières livraison, il se faire voler celui-ci…

Film sur le destin malchanceux d’un migrant, "Anywhere, Anytime", découvert à la Semaine de la Critique du dernier Festival de Venise, a la malchance d’arriver après "L’Histoire de Souleymane", prix du jury et du meilleur acteur à Un Certain Regard, dont le sujet est similaire. Portrait d’un migrant tentant de ne pas perdre son boulot fraîchement trouvé (celui de livreur à bicyclette) et de retrouver le vélo récemment acheté qu’on lui a volé, le film dispose d’un titre à plusieurs sens, puisqu’il s’agit du nom de la société de livraison, mais aussi d’une manière de dire que les migrants sont toujours traités de la même manière où que ce soit, en Italie ou ailleurs. S’ouvrant de manière doucereuse, sur un espoir de gagner un peu d’argent et une scène romantique de promenade nocturne avec sa petite amie, mettant en valeur les lumières de la ville, le film se transforme par la suite en une spirale sans issue.

Exploitant le sentiment d’injustice comme l’impuissance de son personnage, le scénario met en évidence l’absence d’aide apportée au personnage, expliquée par la situation économique, la concurrence, l’existence de bandes organisées... Quelques belles idées de mise en scène viennent à l’appui du désarroi et de l’impasse dans laquelle se retrouve Issa, avec un plan sur celui-ci, figé au milieu de multiples feux de signalisation, ou face à la grille d’une usine désaffectée. Et l’une des plus belles scènes du film, alors qu’il accepte de porter les courses d’une vieille dame, vient souligner le besoin de parole et de contact humain, chose qui manque cruellement dans le monde d'aujourd'hui. Une œuvre intéressante et sensible, qui aurait cependant dû jouer un peu plus sur la tension et éviter quelques maladresses (comme le flash-back sur l’amitié d’Issa et son pote) pour parvenir à vraiment convaincre.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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