VENOM : THE LAST DANCE

Un film de Kelly Marcel

On a touché l’fond capitaine !

Suite aux événements de San Francisco, Eddie et Venom sont considérés comme fugitifs. Du Mexique au Nevada, le duo le plus improbable de l’univers va devoir affronter une menace bien plus grande qu’à l’accoutumée. Et cette fois-ci risque bien d’être leur dernière virée…

Commençons par l’évidence : oui, l’univers cinématographique produit par Sony Studios, regroupant les méchants emblématiques de l’univers Spider-man (mais toujours sans Spider-man, rappelons-le) est une anomalie et en même temps symptomatique de ce système hollywoodien qui commence sérieusement à se mordre la queue. Entre les "Morbius", "Madame Web" et bientôt "Kraven le Chasseur" (prévu pour le 18 décembre 2024), on ne peut pas dire que cette nouvelle franchise brille par ses qualités ou son propos. Et briller de médiocrité vous savez, il faut un certain talent pour en arriver là.

"Venom : The Last Dance" est donc le troisième et dernier opus (même si on se met un peu le doigt dans l'œil à ce sujet) d’une trilogie qui a su réinventer le mauvais goût, la non mise en scène, et a réussi à donner une saveur particulière au gloubiboulga numérique. Sortis respectivement en 2018 ("Venom", premier opus réalisé par Ruben Fleischer) et en 2021 ("Venom 2 : Let There Be Carnage", cette fois dirigé par Andy Serkis), les deux précédents volets de la franchise portée par Tom Hardy (à l’écriture de nouveau sur cette troisième aventure) étaient des succès commerciaux renversants (près de 900 millions pour le premier contre 506 millions pour le second). Mais ils étaient en plus paradoxalement ce qu’il se fait de pire dans le cinéma populaire de divertissement : entendez par là une intrigue simplette mais inutilement compliquée, des scènes d’actions interchangeables, un méchant générique, une bande son oubliable…

On pourrait continuer cette liste, mais si il y avait bien à sauver quelque chose de ces deux derniers essais, c’est bien la prestation hallucinée (on insiste sur ce point) de Tom Hardy dans un double rôle (il prête sa voix à Venom) qui détruisait son appartement à grand coup d’engueulades avec son copain symbiote ou décidait de plonger dans un aquarium rempli de homards. Tout ceci pourrait ressembler à un kamoulox mais cela est véridique : ce sont de réelles séquences que quelqu’un, quelque part, a approuvées. Et c’est bien là le sel réel de ces long métrages : la bromance entre Eddie et Venom qui lorgne du côté de l’absurde (involontaire évidemment) et en ferait presque dégager une certaine sympathie. Hélas pour cette "Last Dance", c’est encore l’élément à sauver au milieu d’une intrigue simplette mais inutilement compliquée, de scènes d’actions interchangeables, avec un méchant générique… Excusez-nous, on se répète ? Mais ce n’est pas anodin puisque la personne en charge de ce film n’est autre que Kelly Marcel, scénariste de génie incomprise par l’industrie qui nous a déjà offert… "Venom" 1 et 2.

Tous les voyants sont donc au vert pour le projet mercantile, facile à faire, avec des stars de renoms qui se demandent bien où est passé leur mojo (Chiwetel Ejiofor et Juno Temple, mince alors) et où la seule marque "Venom" va autant vendre de tickets que de jouets. Ne vous attendez pas à ce que cet épisode respecte enfin la violence inhérente du personnage et ce malgré quelques gouttes de sang en images de synthèse et un monstre qui passe au moulinex les pauvres soldats, vous n’aurez pas grand chose à vous mettre sous la dent. À partir du moment où un technicien aguerri comme Andy Serkis et un chef opérateur de renom comme Robert Richardson (au hasard "Casino" de Martin Scorsese) ont réussi à sortir l’infâme laideur visuelle avec le précédent, qu’est ce qu’il vous faut de plus pour constater qu’Hollywood est peut-être le vrai Venom, à toujours vouloir trouver à quoi s’attacher, pour le corrompre de l’intérieur et peu à peu le faire disparaître. Et comme Tom Hardy cherche ses chaussures tout au long du film, promis vous allez sûrement décrocher un sourire ou deux. Mais quand on en vient à se dire que le début des années 2000 n’était peut être pas si mal pour le genre ("Catwoman", "Daredevil", "Elektra"… la liste est longue), c’est qu’il y a vraiment quelque chose de pourri à la Cité des Anges.

Germain BrévotEnvoyer un message au rédacteur

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