LOUPS-GAROUS
Jeu de rôle, mais jeu pas toujours drôle
Après avoir commencé une partie du jeu de société « Les Loups-garous de Thiercelieux », une famille se retrouve propulsée en 1497, dans un village où les habitants traquent quatre lycanthropes cachés parmi eux…
Sortie le 23 octobre 2024 sur Netflix
Avec des personnages piégés par un jeu qu’ils doivent terminer pour s’en sortir, on pense obligatoirement à "Jumanji" et cette référence met forcément une grosse pression sur cette comédie fantastique française. Contrairement au film avec Robin Williams et à ses suites plus récentes (qui, rappelons-le, sont des réussites), "Loups-garous" est inspiré d’un vrai jeu de société qui est mis en scène dans l’histoire : "Les Loups-garous de Thiercelieux".
L’enjeu du film réside avant tout dans sa capacité à transposer ce jeu en récit à la fois en suscitant une certaine complicité avec les spectateurs ayant l’habitude d’y jouer et en restant accessible pour les autres. Le résultat s’avère bancal sur ce point : l’introduction, bâclée, ne prend pas le temps de présenter clairement le jeu ni la relation que les personnages ont avec celui-ci. Quant aux pouvoirs associés à chaque rôle dans le jeu, ils sont introduits de manière aléatoire tout au long du film, avec une inventivité et une clarté tout aussi irrégulières. L’attribution de chaque rôle a toutefois un peu de sens quand cela confirme la personnalité de chacun ou la prend ironiquement à revers : le grand-père à la mémoire déclinante devient un chasseur doté d’une force incroyable ; la féministe est une sorcière ; l’ado influenceuse devient invisible…
D’un point de vue du scénario, aucun effort n’est fait pour tenter de justifier le côté magique du jeu qui transporte les protagonistes dans un Moyen-Âge que l’on peut qualifier d’alternatif (notons que la présence de Jean Reno évoque aussi "Les Visiteurs", qui finit aussi par devenir une référence pesante). Idem pour la présence d’un personnage italien, dont on ne dira rien de plus pour ne rien divulgâcher. Globalement, le script part dans tous les sens et cherche constamment son équilibre entre film d’aventure fantastique et comédie. On retrouve ce même problème d’homogénéité pour l’humour, qui alterne entre blagues lourdingues (notamment quand les répliques tentent d’intégrer des débats de société contemporains), burlesque, running gags et absurde (ce dernier aurait gagné à être plus appuyé pour que l’ensemble soit plus digeste). Il en résulte un long métrage boiteux, qui ne trouve pas vraiment son identité, même s’il peut s’avérer sympathique et même très amusant à certains moments.
Au final, on peut également se poser une question : ce film est-il une promotion pour le jeu qui pourrait être édité dans la même version deluxe en bois que celle visible dans le film ? Si c’est le cas, il faut au moins convenir qu’un tel objet serait plus appréciable que le jeu de cartes traditionnel…
Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur