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Festival Lumière 2024 : Remise du prix Lumière à Isabelle Huppert
Vendredi soir, je longe le parc de la tête d'or endormi, à fond les ballons sur mon vélo dont la lumière avant manque depuis qu'on me l'a subtilisée un soir de pluie. Après plusieurs minutes à pédaler seule dans une obscurité partielle, j'arrive au temple de la lumière : le palais des congrès de Lyon s'apprête à recevoir dans sa salle démesurée, une femme dont on célèbre aujourd'hui la carrière.
Isabelle Huppert est là ce soir pour recevoir le prix Lumière, un prix honorifique remis par le festival chaque année à un ou une membre de la grande famille du 7ème art dont il veut faire l'éloge. Pour l'occasion, l'actrice a revêtu une robe à paillettes beige rosé, un choix très judicieux, qui permet de la repérer très vite dans l'immense salle pleine à craquer composée de représentants et représentantes du cinéma, de partenaires financiers du festival et, installé un étage plus haut, d'un public ravi de voir du beau monde. Elle est assise au milieu de ses pairs, François Ozon un rang devant, Sandrine Kiberlain un derrière, le spot qui s’immobilise sur elle fait frétiller sa robe de mille petits carrés de lumière étincelants.
Thierry Frémaux qui court de salle de cinéma en salle de cinéma dans tous Lyon depuis une semaine, anime la soirée. De courts films rappelant les derniers événements de la semaine ainsi que ceux des quinze années de la vie du festival sont projetés. Un génial extrait des "Lumières de la ville" de Charlie Chaplin est montré, puis l'on passe aux choses sérieuses : notamment celle pour laquelle toute la salle est remplie à craquer. Un montage retraçant la carrière de l'actrice est projeté puis les hommages en chansons commencent : Camélia Jordana interprète « I will survive » presque a cappella, un guitariste pour seul accompagnement, et les frissons traversent la salle... Sandrine Kiberlain s'essaye de manière plus sage au chant avec « Nuit de folie », la chanson phare de cette édition qui en accompagne chaque début de séance (et chanson préférée de l’actrice), puis Julien Clerc fait son apparition en entamant son plus gros tube, « Ma préférence », d'une voix assurée, les accords de son piano un peu moins.
« Voilà, toutes des chansons programmées selon les goûts musicaux d'Isabelle » précise Frémaux, qui invite maintenant le réalisateur mexicain Alfonso Cuarón et l'actrice et réalisatrice française Noémie Merlant à venir le rejoindre sur scène pour la remise du prix Lumière à la fameuse Isabelle. Cuarón lit un texte vibrant en anglais sur son rapport avec le cinéma français tandis que Merlant lit sa traduction française. Isabelle à leurs cotés, sourit et prend finalement la parole : « J'adore recevoir des prix, ça veut dire, Isabelle, tu as bien fait ton travail. » puis de conclure, « Le passé c'est bien, mais le futur c'est pas mal du tout. ». Elle semble heureuse et un peu ailleurs, comme si tout cela était un peu trop pour juste avoir fait son boulot. Derrière son étonnante décontraction, on sent la rigueur de celle qu'on n'imagine ne jamais s'arrêter, de jouer, de faire partie de notre paysage cinématographique, de courir du cinéma au théâtre. Puis la soirée prend fin et place au film : "Rien ne va plus" comédie de Claude Chabrol avec Isabelle Huppert, bien sûr, et Michel Serrault. Après la lumière, retour à l'obscurité…