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LA PLATEFORME 2

Dispensable et pas toujours cohérent

Perempuán et Zamiatin sont parmi les nouveaux prisonniers de la « Fosse ». Ils apprennent vite qu’une partie des occupants ont mis en place des lois pour que la nourriture soit équitablement répartie. Mais sous couvert de cette idéologie, ses défenseurs font régner la terreur…

Sortie le 4 octobre 2024 sur Netflix

"La Plateforme" était l’une des grandes réussites de l’année 2020 sur Netflix. Quatre ans plus tard, ce second opus aura plus de mal à générer de l’enthousiasme, ne serait-ce que parce qu’il n’y a plus l’effet de nouveauté et qu’on perd en suspense sur certains points clés comme la profondeur de la « Fosse » désormais connue (c’était un ressort scénaristique majeur du premier film). On avait comparé le premier film à "Cube", cette suite souffre à peu près des mêmes tares que "Cube 2 : Hypercube" ! Cette deuxième plongée souffre aussi d’une relative tendance à l’accélération, qui ne prend donc pas toujours le temps de faire connaissance avec les protagonistes et d’approfondir leur psychologie.

En outre, le sous-texte politique s’avère moins subtil : dès les premières minutes, avec un personnage francophone nommé Robespierre (incarné par Bastien Ughetto, vu entre autres dans "Adieu les cons"), le parallèle avec la Révolution française est sans ambiguïté. Il s’agit alors, dans une sorte de remake souterrain de la Terreur, de dénoncer les dérives intégristes qui peuvent germer d’un terreau idéologique bien que ce dernier donne d’abord l’impression d’aller dans le sens d’une démocratie sociale et égalitaire. Ici, il est donc question d’une répartition juste de la nourriture, déterminée par une « loi » qui se transmet d’étage en étage, avec des « disciples » qui font subir les pires supplices à celles et ceux qui osent agir ou penser différemment. La dénonciation et le jusqu’au-boutisme sont alors justifiés par la nécessité de respecter cette « loi » ni écrite (donc déformable à volonté !) ni votée. S’ajoute à cela l’allégorie de la justice aux yeux bandés qu’incarne un justicier aveugle et impitoyable. Tout cela ne manque pas de pertinence, mais ça ne nécessite pas 1h40 pour développer de telles réflexions.

Ne manquant pas de gore ou d’effroi, "La Plateforme 2" déroule son scénario en jouant sur notre envie de mieux comprendre cet univers qui avait pu nous laisser sur notre fin avec la conclusion du précédent film. Se déploie pourtant une manifeste intention de nous surprendre plutôt que de nous apporter des réponses. Or, si on peut en effet être ébahi, on peut tout autant rester perplexe devant ces énigmatiques parenthèses montrant des enfants dans une sorte d’aire de jeux souterraine ou, plus encore, face à certains retournements de situation qui interviennent dans la deuxième moitié du film.

SPOILER : ne lisez pas la fin de la critique si vous n’avez pas vu le film !

Lorsqu’on voit apparaître Trimagasi et Imoguiri à l’écran, on comprend évidemment que, malgré le titre, il ne s’agit pas d’une suite mais d’une préquelle. Si la surprise est excitante dans un premier temps, elle génère rapidement des questionnements concernant la cohérence du diptyque, par exemple concernant le fait qu’aucun des personnages ne paraît connaître la profondeur réelle de la « Fosse » dans le premier film, alors que tout le monde le sait dans ce nouveau récit. S’ajoute à cela une étonnante révélation : tout serait donc dans une sorte d’apesanteur quand les protagonistes sont endormis pour être déplacés à d’autres niveaux ! Soit un troisième film apportera une conclusion brillante, soit on a commencé à sombrer dans le grand n’importe quoi…

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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