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CHOUETTE, UN JEU D'ENFANTS

Espièglerie et élégance au rendez-vous

Un garçon qui joue avec son chien sur la plage et creuse un trou qui l’emmène en Afrique. Une petite fille agacée de n’être que prisonnière de ses copains prétendus pirates, qui fait la rencontre d’un gentil monstre des mers. Un génie récalcitrant et à l’esprit tordu libéré par une petite fille sur une plage, alors que son père préfère dormir plutôt que de jouer avec elle. Et une petite fille pêcheuse qu’une carpe fait tourner en bourrique…

Et revoici la désormais célèbre Chouette du cinéma ("La Chouette en Toque", "Grandir, c'est Chouette"), présentant ici quatre courts métrages animés de longueurs quasi identiques (entre 7 et 9 minutes), tournant autour des jeux des enfants, et de la malice, l’entraide ou la solitude que cela implique. Le recueil s’ouvre avec le très beau "Le Tunnel de la Nuit" d'Annechien Strouven (France, Belgique, 9 mn), petit conte qui permet à un garçon et son chien de se faire des amies dans divers endroits du monde, en s’aventurant dans un trou creusé dans le sable. Le film, sans paroles, est un vrai délice d'élégance et cohérence visuelle, tâchant dans chaque décor, d’utiliser seulement deux ou trois couleurs tranchées, avec quelques pointes d’une ou deux couleurs supplémentaires permettant de mettre en évidence quelques détails (comme par exemple une balle...). Jouant avec ce tunnel qui, lui, revêt différentes couleurs, et avec autant la perméabilité improbable de celui-ci (même un guano de mouette peu passer à travers...), que la nécessité de revenir chez soi, le scénario aborde la complicité homme-animal et la curiosité, avec humour et poésie. Un excellent démarrage.

Au milieu figurent deux courts métrages de bonne facture, qui restent cependant un peu moins impactants que les deux autres. Le premier, "Le Monstre Marin" de Frits Standaert (France, Belgique, 9 mn), réjouit par la complicité que trouve une petite fille en un monstre violet de sa taille, en remerciement de l’avoir sauvé. Si la simplicité du dessin, entre décors peints et personnages en aplats de couleurs ne surprend guère, l’histoire met en avant la malice de son héroïne, pour un message d’égalité, alors qu’elle rêve de jouer elle aussi les pirates comme ses deux amis garçons, et pas seulement les prisonnières. Le second, "Le Génie dans la Bouteille" de Thomas Leclercq (France, Belgique, 9 mn), au dessin encore plus épuré, sans ombres, met en scène une petite fille aux couettes crépues, tentant de réveiller son père, allongé sur son matelas pneumatique, afin qu'il joue avec elle. Le personnage séduit par son côté téméraire, face à un génie plutôt fourbe, qui aime à étaler sa méchanceté en détournant ses premiers voeux (manger une glace, avoir son propre matelas pneumatique...). La malice sera au rendez-vous.

Enfin le recueil se termine avec l'esthétiquement magnifique "La Carpe et l’enfant" de Morgane Simon et Arnaud Demuynck (France, Belgique, 7 mn), qui met en scène un petit garçon au chapeau de paille et son chien, tentant de pêcher depuis un ponton. Le choix d'une aquarelle par endroit délavée est parfaitement adéquat à la représentation des bords de l'étang (nénuphars, saule pleureur...) permettant les flous appropriés au travers des eaux. On se régale donc autant des mésaventures du duo, le silence étant tout le temps perturbé par quelque chose (une grenouille, une mouche, un col vert...), que de la beauté de l'environnement. Et comme la fin aspire aussi au jeu, plus qu'à la pêche elle-même, les spectateurs devraient forcément adhérer et avoir envie de se baigner avec les protagonistes.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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