CHALLENGER
Un loser finalement attachant
Luka Sanchez est un boxeur amateur qui rêve de passer pro. En attendant, le soir, il épluche des patates dans la cuisine d’un restaurant, dont la patronne le harcèle. Sa manageuse, Audrey, travaille elle dans un centre téléphonique de sondages et se contente des 10% auxquels elle a droit quand elle lui trouve un rare combat. Son dernier lui a rapporté 10 euros, alors que Luka devait, en huis clos, se faire battre par le maire adjoint devant ses enfants. Mais lorsque Freddy, qui doit prochainement affronter le champion d’Europe, se voit contraint de simuler une blessure pour ne pas être détecté positif (à cause d’une prise de viagra), Luka est contacté pour être son sparring partner dans ce match truqué. C’est alors que Luka met KO son adversaire d’un simple uppercut, et que la vidéo de sa victoire devient virale…
L’intrigue démarrait fort mal avec l’affrontement ridicule entre Alban Ivanov et PEF, supposé maire adjoint l’ayant engagé pour le battre devant ses enfants déchaînés. Sans doute les scénaristes auraient pu être plus inspirés pour montrer à quel point les rares contrats de Luka sont miteux. Pourtant progressivement la sauce prend autour de ce héros malgré-lui que va constituer le personnage interprété par Alban Ivanov, peu performant, moqué par ses collègues, fanfaron sur ses prétendus exploits, harcelé par sa patronne (l’actrice de la pub Reef/Free, Marie Lanchas, parfaitement dans son élément), insulté par le perroquet du patron d’une salle de jeux et malmené par sa manageuse, avec laquelle les pics fusent.
D’autant que Alban Ivanov épouse parfaitement ce personnage de loser qui roule des mécaniques, pris dans une spirale aussi déroutante qu’amusante qui va l’amener à affronter le champion d’Europe. Malheureusement la folie du projet s’arrête aux portes d’un combat final certes immersif, mais bien entendu pas crédible et un peu longuet. Reste la véritable découverte du film, qui interprète la manageuse avec une gouaille et un aplomb parfaitement dosés : Audrey Pirault ("Le Visiteur du futur"). Elle prend largement le dessous sur Ivanov lui-même et sur l’ensemble du reste du casting, du rappeur Soso Maness à David Salles ("La Petite Histoire de France" et récemment "14 jours pour aller mieux") en managers d’un boxeur borderline (Alexandre Antonio) qui aurait pu être mieux exploité, et quelques scènes très drôles comme le tournage du clip « J’t’uppercut J’te baise ».
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur
