FAMILIAR TOUCH
D’une redoutable simplicité
Ruth, âgée de 85 ans, vit seule. Elle fait la cuisine, préparant un repas pour un homme plus jeune, Steve, avec lequel s’entame une discussion. Mais peu à peu, se comportant comme une jeune femme en plein rendez-vous galant, elle lui demande de ne pas gâcher la surprise de la « visite » qu’il a prévu pour elle. Mais Steve est en réalité son fils, qui l’emmène ce jour dans une maison médicalisée…
"Familiar Touch" est un drame poignant sur la maladie d’Alzheimer et la perte progressive de contact avec la réalité, le personnage principal prenant d’abord son fils pour un prétendant, puis l’aide soignante pour sa mère... Porté par l’interprétation toute en pudeur de Kathleen Chalfant, prix de la meilleure actrice dans la section Orizzonti du Festival de Venise, le film fait le portrait d’un personnage digne, s’évertuant à jouer les bons élèves en démontrant son pouvoir de mémoire, en détaillant par exemple les recettes qui ont fait son succès dans son métier. Une forme de déni qui finit par bouleverser alors qu’apparaissent des signes de sa perte de contact avec la réalité, comme lorsqu’elle se croit au restaurant au lieu du réfectoire...
Également récipiendaire du Prix du meilleur premier film et d’un plus discutable prix de la mise en scène, certes sans fioritures, dans la section Orizzonti, "Familiar Touch" montre aussi toute l’attention d’un personnel soignant, soucieux de ne pas brusquer les choses, le personnage devant par lui-même être amené à s’interroger sur son état. Avec quelques scènes profondément émouvantes, lorsqu’elle demande si elle va « toujours vivre la », ou lorsque sa petite fille récupère certaines de ses affaires, "Familiar Touch" est bien plus complexe qu’il ne paraît quant au rapport entre un fils qui semble au départ fuyant, et l’élan dont il fait preuve lorsqu’il reparaît en conclusion. Sans remous ni drame, ce portrait fait résolument mouche.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur