SUPER HAPPY FOREVER

"Super Happy Forever" est un film japonais délicat, divisé en deux parties, qui conte en deux temps (2023, après le décès de la femme, Nagi, et 2018, au moment de sa rencontre avec Sano) une histoire d’amour dont on ne connaîtra que ces deux moments, seuls les dialogues venant préciser qu’une vraie histoire a eu lieu entre eux. En réduisant à ce moment de la rencontre, raconté par le personnage masculin à table avec deux inconnues (qui s’extasient sur le romantisme de la chose) dans la première partie, puis en permettant de connaître son rapport avec le personnage féminin dans la seconde partie, c’est bien le changement de visage de celui-ci qui est mis en avant.

Car en effet, pour Sano tout ne semble être que grisaille et regrets dans une première partie emplie de nostalgie, la seconde, en forme de long flash back permettant d’illuminer son visage (il ne peut s’empêcher de sourire tout le temps, comme elle ne peut s'empêcher de rire en permanence...) et pour le spectateur de découvrir ce lien perdu. La transition entre les deux parties est gérée par un simple travelling le long d'un mur de la chambre, passant de Sano, prostré après une altercation avec son pote, à l’arrivée en Nago avec sa valise. La casquette rouge sert ainsi de fil rouge entre les deux parties, symbole d’une union, tel le dernier lien après lequel Sano court, comme elle dans la seconde partie lorsqu’elle se rend à la plage avec sa valise. Mais le dernier plan du film, intelligent, fait évoluer ce symbole, de vestige d’un passé qui n’est plus, vers la possibilité d’une autre femme. Un belle idée pour conclure un film d’une grande pudeur.