SEPTEMBRE SANS ATTENDRE
La douce mélodie du désamour
Après presque quinze ans de vie commune, Ale et Alex décident de se séparer. Rien de bien original à notre époque. Mais eux décident de célébrer cette rupture, en organisant une grande fête. Était-ce vraiment une bonne idée ?…
Itsaso Arana et Vito Sanz ont pris l’habitude de s’aimer devant la caméra de Jonás Trueba. D’abord, comme une rencontre estivale dans "Eva en août", puis comme un couple établi en proie aux doutes d’une monotonie inévitablement installée dans "Venez voir". Alors ce qui devait arriver arriva : "Septembre sans attendre" va nous esquisser leur rupture. Mais Ale et Alex n’aiment pas faire les choses comme les autres. Non, eux, peut-être parce qu’ils travaillent dans le milieu du cinéma, adorent les choses grandiloquentes. Alors sur une idée (ou était-ce une blague initialement ?) du père d’Ale, ils vont organiser une fête géante de séparation. Comme un mariage, mais inversé. Leurs proches sont circonspects voire incrédules, pourtant cette célébration de la désunion aura bien lieu, en tout cas, les protagonistes semblent y croire.
Comédie savoureuse, le métrage réussit l’exercice souvent bancal de mêler deux réalités, celle du film que la protagoniste est en train de réaliser avec son futur ex conjoint comme acteur principal, et celle de leur quotidien empli d’une nostalgie empoignante. Car dans leur pseudo réalité, il y a peut-être plus de cinéma que dans cette œuvre pour laquelle la protagoniste a tant de mal à trouver la bonne tonalité. Dans cette salle de montage, elle essaye, modifie l’ordre des prises, se trompe, tâtonne à nouveau. À moins que dans cette pièce sombre, derrière son ordinateur, il ne soit pas question du fil conducteur de son projet, mais de celui de sa vie. Drôle et touchant, "Septembre sans attendre" assume son naturalisme et ses références, transformant Itsaso Arana en Katherine Hepburn, pour nous offrir un cirque tragi-comique au charme suranné, où les artifices n’ont pas leur place. Si la durée est quelque peu excessive, le résultat ne s’en voit jamais altéré, au point de nous faire aimer des personnages qui ressentent l’opposé. Un film enthousiasmant à consommer sans modération pour la rentrée !
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur