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ALIEN : ROMULUS

Un film de Fede Alvarez

Cette fois c’est promis, tout le monde vous entendra crier dans la salle

Rain et ses amis habitent une colonie minière détenue par la compagnie Weyland-Yutani. Ils ont le choix entre mourir sur cette planète aux mains d’un système qui les broie ou s’enfuir. Heureusement, ils repèrent une station abandonnée en orbite au-dessus de leur tête et décident de s’y rendre avec comme espoir de rejoindre une planète éloignée où la vie semble meilleure. Mais des invités surprise habitent les coins sombres de la station et n’attendent qu’une chose : l’arrivée de nouveaux voyageurs…

La saga de science-fiction "Alien", qui a débuté sous la houlette de Ridley Scott avec le premier volet en 1979, est une des franchises les plus iconiques du septième art. Cette créature emblématique, autant par son design si singulier (que l’on doit à l’origine à l’artiste H.R Giger), que par son iconisation au fil des films, elle est à ranger aux côtés de l’autre monstre intergalactique célèbre, le Predator , dont les chemins se croiseront à l’occasion de deux spin-off en 2004 et 2008 ("Alien vs Predator" et "Aliens vs Predator - requiem"). Pour ce qui est de notre Xénomorphe préféré, nous en sommes au nombre de 7 films comprenant quatre volets en continuité avec une héroïne désormais culte, Helen Ripley, et deux préquels réalisés par papy Scott ("Prometheus" en 2012 et "Alien Covenant" en 2017). Et même si ces deux derniers films ont scandalisé une partie des fans et des critiques, précisons que l’auteur de ces lignes sera toujours prompt à les défendre, mettant en avant la fraîcheur apportée à la saga, la direction artistique et les thématiques passionnantes autour de la création, toutes collant parfaitement à l’identité de la franchise.

Hélas en 2020, le studio légendaire 20th Century Fox s’est fait racheter par la firme aux grandes oreilles et adieu l’idée d’une nouvelle quadrilogie lancée sur les meilleurs rails avec "Covenant". C’est alors qu’un nouveau projet est annoncé (en parallèle d’une série télé, sobrement intitulée "Alien Earth" par Noah Hawley), celui-ci devant se dérouler entre les événements du premier et du second film ("Aliens, le retour" de James Cameron). On se dira d’abord « pourquoi pas », vu que le jeu Alien Isolation par Sega en 2014 (officiellement canon dans l’univers Alien) prenait cette également position dans la chronologie, en nous faisant incarner la fille de Ripley, Amanda, partie à sa recherche. Mais l’information qui nous a mis la puce à l’oreille ce fut l’annonce du réalisateur : Fede Alvarez. Avec comme premier fait d’armes le remake de "Evil Dead" en 2013 (qu’on a déjà acclamé ici) et l’efficace cauchemar "Don’t Breath", on peut dire que notre confiance commençait à se restaurer, ceci tout en sachant que papy Scott gardait un œil sur son bébé en étant producteur et régulièrement impliqué dans le processus du film.

On ne va pas tourner autour du pot et c’est avec un sourire non dissimulé que l’on peut vous dire que "Alien Romulus" est une belle réussite. La séquence d’introduction donne le ton et est parfaitement raccord avec le premier original : l’espace infini, le silence et un vaisseau qui s’approche petit à petit de la caméra, pour finir à observer l’intérieur de l’engin via un hublot extérieur. Fede Alvarez sait créer des séquences intéressantes : le silence pesant, les notes de musique accompagnées de voix venues d’ailleurs, la caméra dans le mouvement. Et ce savoir-faire sera répliqué tout au long du métrage avec la volonté de placer le plus de fusil de Tchekhov* possibles (*définition : si il y a un fusil au mur filmé en début de film, il sera utilisé à un moment X, sinon il n’a pas lieu d’être) afin de constamment stimuler son spectateur et malmener ses protagonistes.

En parlant des personnages, un vent de fraîcheur et quasi politique souffle ici, avec la présentation de ces jeunes broyés par le système, retenus sur une planète de travaux forcés et polluée, et livrés à eux-mêmes. Une belle parabole par rapport au sentiment de nos jeunesses d’aujourd’hui, coincées dans un tube digestif sociétal et économique où ils ne sont que des numéros. L’ensemble de ces jeunes acteurs sont convaincants et mention spéciale à David Johnson (Andy) qui interprète un synthétique avec beaucoup de candeur et d’ambivalence au fil de l’histoire. Non, promis, ici il n’y aura pas de spoilers, on vous invite à découvrir sur l’écran le plus grand et dans le noir le plus total cette nouvelle mouture qui augure du meilleur pour la suite. Si vous aussi vous aviez la gorge serrée quand les suites de "Covenant" ont été annulées, l’auteur de ces lignes vous rassure : ce film n’a rien oublié et utilise avec intelligence et malice tous les évènements du lore de la saga, pour enrichir ses propres thématiques ainsi que ses séquences de terreur.

On retrouve ainsi ici les thèmes de la maternité non désirée toujours aussi présente, mais aussi le trans-humanisme (on pense beaucoup au jeu de Frictional Games, Soma). Le fan service est présent (thème musical, iconisation, répliques) sans en faire des caisses et tient plus de l’hommage que de la roublardise. Mention spéciale également à la bande son signée Benjamin Wallfisch ("A cure for life", "Blade Runner 2049") qui oscille entre musique orchestrale digne de la saga et de ses influences, et des sonorités très électroniques et percutantes, presque organiques. Foncez voir ce film, qui ne partait pas forcément pour les bonnes raisons, mais qui s’avère être une véritable lettre d’amour à la Saga. Une lettre d’amour bien baveuse et bien sanglante… on vous aura prévenu.

Germain BrévotEnvoyer un message au rédacteur

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