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MON AMI LE PETIT MANCHOT

Un film de David Schürmann

Une touchante histoire vraie, sans doute trop prémâchée

Pour l’anniversaire de leur fils, Joâo, pêcheur sur une île brésilienne, et sa femme Maria, lui ont promis un tour en bateau. Malgré le ciel menaçant, Joâo embarque celui-ci, mais une tempête se lève soudain et l’embarcation chavire. Des années plus tard, Joâo, toujours inconsolable de la perte de son fils, recueille un manchot couvert de mazout, le nettoie et le nourrit. Une jeune fille du village lui donne le nom de DinDim…

L’instinct animal est souvent un mystère, comme il est rappelé plusieurs fois dans le film. Qu’est-ce qui fait que DinDim le manchot se sera perdu un jour dans la migration qui mène normalement les manchot de la banquise à la Patagonie en Argentine, pour s'échouer sur une petite île tropicale du Brésil ? Sans doute les perturbations liées à l’activité humaine, comme la pêche, élément qui est ici ponctuellement montré du doigt, comme créant de la lumière artificielle en pleine nuit, ou polluant les mers avec des hydrocarbures. Mais cet instinct (ou boussole naturelle) étant aussi celui du retour au lieu de nidification, vers une famille ici improvisée chez Joâo et Maria, explique sans doute pourquoi l’animal est ensuite retourné chaque année vers les rivages de ce couple digne, mais prématurément usé par la perte d’un d’enfant.

Réduite à son essence, cette histoire vraie a le mérite de tenter de faire vivre aux plus petits de manière subjective les obstacles rencontrés par le manchot. Caméra subjective, prises de vues au plus près durant la nage, nourrissage par les acteurs, le tournage a s'est fait avec de vrais manchots (quelques corrections en images de synthèses n'étant pas cependant évitées), "Mon ami le petit manchot" rend hommage au courage de l’animal et parvient à émouvoir par la renaissance du personnage de Joâo à la culpabilité pesante. Pourtant le film est loin d’être sans défauts, qu’il s’agisse de dialogues schématiques, de situations discutables (la manière d’agir des scientifiques argentins qui suivent l’espèce... prenant notamment des photos de suivi au polaroid alors qu'on est dans les années 2000), ou de la mise en scène (le chavirement de la barque est complètement raté…), soutenue par une musique certes belle mais envahissante, qui souligne à l'excès le moindre élément dramatique. Sans parler du fait qu’on ne croit pas un seul instant que Jean Reno puisse être le père brésilien du début, plus âgé. En sortant, on se dit qu'il n’est pas forcément besoin de prémâcher une histoire puissante et de chercher le casting international pour en faire un récit universel et s’adresser à un jeune public (la preuve en est le récent et très bon "Kina et Yuk : renards de la banquise"). À ce petit jeu, on risque souvent de tomber dans le cliché voire ponctuellement le ridicule.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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