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POMPO THE CINEPHILE

Un film de Takayuki Hirao

Une belle ode à l'envie de cinéma

A Nyallywood, Gene Fini est l’assistant de la jeune Joel D. Pomponette (alias Pompo), productrice de films commerciaux à succès, tels que « Marine », film d’action où son actrice fétiche, Mystia, combat un crabe géant, actuellement en projections tests. À la grande surprise de celui-ci, qui passe son temps à noter dans son carnet ce qu’il observe du travail des autres dans les studios, Pompo lui confie la réalisation d’une bande annonce du film de 15 secondes. C’est alors la panique dans sa tête, mais aussi le moment de prouver qu’il peut débuter une carrière…

"Pompo the Cinephile" est un film japonais, réalisé par Takayuki Hirao, passé par le studio Madhouse, où il a travaillé sur "Millennium Actress" de Satoshi Kon, puis réalisateur de quelques épisodes des séries "L’Attaque des Titans" et "Spy x Family" dans le cadre du studio Ufotable, pour lequel il a mis en scène aussi son premier long "The Garden of Sinners". Pour sa quatrième réalisation, après quelques images présentant la ville de Nyallywood, aux lettres géantes perchées sur une colline qui évoqueront, comme le reste des paysages, Hollywood, le voici qui se lance dans un générique rythmé introduisant les principaux personnages : Mystia, une actrice blonde, en vogue, Pompo, une productrice chevronnée à l'allure étonnamment juvénile, avec deux couettes aux proportions étonnantes, Gene, ado aux yeux cernés qui passe son temps à noter les détails qu'il observe dans un carnet, et Natalie une apprentie actrice qui va de casting en casting.

Résolument positif, le scénario va surtout s'intéresser à la progression des deux derniers, faisant de Gene un réalisateur en herbe, auquel, suite au montage habile d'une bande annonce de 15 secondes, Pompo confiera la réalisation d'un film d'auteur, Natalie en devenant l'actrice principale, alors qu'elle est prise sous son aile par la fameuse Mystia. Insistant (parfois certes un peu trop) sur le côté « destinée » des choses, le film fait place à une certaine bienveillance, avec notamment la présence de deux personnages dont l'apparente sagesse imprègne le récit : le grand père de Pompo, J.D. Peterzen, ancien producteur réputé et source de précieux conseils, et Martin Braddock, acteur chevronné, bourré d'idées mais respectueux du travail du réalisateur. Entre affirmation que le cinéma est un travail d'équipe et conscience que le montage définitif appartient à l'auteur du film, "Pompo the Cinephile" est une oeuvre propre à rassurer ceux qui voudraient se lancer, boostant la confiance en soi des apprentis cinéastes.

De petits miracles du hasard en débrouillardise du réalisateur et de la production, le scénario nous ballade ainsi des Alpes suisses vers la salle de montage, jusqu'aux moments de la Première et des récompenses. Repréentant, dès la séquence de la bande annonce, avec intelligence, le moment du montage, avec un personnage réduit à des couleurs vives, devant se battre ou orchestrer de multiples faisceaux de pellicule, Takayuki Hirao n'en oublie pas qu'il s'agit là d'un moment de choix, parfois douloureux. On admirera aussi son sens de la mise en images et des transitions, avec par exemple la belle incrustation de flashs-back résumant le parcours jusque-là malheureux de Natalie, à la surface d'une piscine, l’utilisation d’effets « négatifs » photos, ou les belles idées autour du brouillard dans la scène avec les chèvres en montagne. Avec un léger humour en fond, un rythme résolument dynamique et des héros attachants, "Pompo the Cinephile" devrait logiquement créer quelques vocations chez les adolescents.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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