UNFROSTED : L'ÉPOPÉE DE LA POP-TART
Flop complètement tarte
En 1963, deux entreprises du Michigan se font la guerre pour dominer le marché des céréales pour petit déjeuner : Kellogg’s et Post. Une innovation pourrait bien être le coup de grâce ultime pour asseoir définitivement la supériorité de l’une des deux…
Sortie le 3 mai 2024 sur Netflix
On pourrait croire que Kellogg’s a voulu faire le même coup que Mattel en produisant un film décalé qui tourne gentiment en dérision la marque pour la rendre plus désirable ! Mais contrairement au "Barbie" de Greta Gerwig, la société n’est pas du tout à la manœuvre et il n’y a ici rien de très folichon ! À la réalisation, au scénario et dans le premier rôle, on retrouve Jerry Seinfeld, star de la télé dans les années 1990 avec la sitcom qui portait son nom, et quasiment tombé dans l’oubli depuis l’arrêt de la série. Or, lui qui est habitué au rythme des séries, des formats courts ou du stand up, le voilà incapable de maîtriser cette variable pour un long métrage.
"Unfrosted" part ainsi dans tous les sens, ne parvenant jamais à rendre intéressant ni cohérent son scénario foutraque qui tente avant tout d’empiler les gags – ou plutôt les tentatives de gags, car la plupart font un flop. Au moment de la scène de fin, on se souvient brusquement que le film avait commencé par un homme racontant une histoire supposée vraie à un enfant : c’est donc pour cela que rien n’a de sens ? C’est un peu facile, comme prétexte au n’importe quoi ! Cela n’excuse pas certaines idées totalement ridicules, comme la création d’un ravioli mutant qui n’a strictement aucune utilité dans le récit !
On pourrait s’attendre à un discours politique sous-jacent, par exemple sur la société de consommation ou sur la concurrence économique, mais il n’y a rien de consistant, malgré certaines apparences comme une scène de grève des mascottes (qui peut vaguement faire penser à l’invasion du Capitole par les partisans de Trump, mais ça n’est pas le sujet !).
Évidemment, il convient aussi d’admettre que le film est truffé de références pas forcément compréhensibles pour un public français, à commencer par la Pop-Tart du titre, qui est au centre des enjeux du récit et qui désigne un aliment jamais commercialisé en France. Tout juste peut-on avoir la connaissance de ce produit grâce à une vidéo culte de la série québécoise des "Têtes à claques" (celui sur Halloween, en 2007). On n’est pas non plus aidés par les sous-titres français, qui ont souvent du mal à trouver une traduction à la fois drôle, compréhensible et cohérente avec le scénario.
On peut enfin avoir un sentiment de gâchis face à certains aspects qui auraient pu être des atouts de taille, comme la tentative de relecture absurde de la Guerre froide (mais c’est noyé dans le reste) ou quelques gags mieux sentis (comme l’apparition du personnage représentant une autre marque de céréales : Quaker), mais aussi la distribution potentiellement alléchante comprenant notamment Melissa McCarthy, Hugh Grant, Amy Schumer, Peter Dinklage et autres Christian Slater. Mais on les sent souvent empotés, comme s’ils se demandaient ce qu’ils foutent dans ce film. Un peu comme nous nous demandons ce que nous foutons devant ce film, qui a trop souvent des allures de publicité assortie d’un humour indigeste.
Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur