Festival Que du feu 2024 encart

WAKE UP

Révèle ta vraie nature… de mauvais slasher

Une nuit, un grand magasin d’ameublement devient tout à coup le théâtre d’une sanglante chasse à l’homme, menée par un gardien de nuit psychopathe contre une bande d’activistes environnementaux qui s’y étaient infiltrés pour le souiller à l’aide de peinture…

Les « films de festival », on sait à quel point cela peut susciter de grands écarts en décalage avec la réalité d’une sortie salle, que ce soit dans l’opprobre ou la louange. N’empêche que se voir surchauffé à l’avance par un pitch prometteur et des échos qui ne le sont pas moins pour finalement se prendre une vilaine douche froide a tôt fait de solder les comptes. C’est pourtant peu dire que le québécois "Wake Up", mis en boîte par un trio amateur de films de genre estampillés 80’s, avait de sacrés arguments à faire prévaloir. En gros, imaginez une quinte flush d’activistes environnementaux, désireux de s’incruster la nuit dans un magasin Ikea pour en saloper tous les rayons à l’aide de fusils de paintball, et qui vont très rapidement se retrouver face à un gardien de nuit massif, instable et bien déterminé à leur faire passer la pire nuit possible. Et imaginez maintenant qu’en lieu et place de cette version slasher de "Nocturama", on vous balance en pleine tronche un affrontement pas si vénère que ça, avec des personnages qui, d’un côté comme de l’autre, ont l’air de concourir pour la Palme de la stupidité.

À ma gauche, des activistes caractérisés en mode "The Green Inferno", prétendant vouloir protester contre l’exploitation des ressources planétaires par les grands fabricants de mobilier, mais surtout motivés à l’idée de faire du clic et du buzz sur les réseaux sociaux en frimant comme des youtubeurs de bas étage. À ma droite, un gros malabar à la respiration sourde, combinant le talent d’un MacGyver survivaliste avec le look flippant d’Alfred Petit, qui voit dans cette intrusion les moyens de mettre à profit sa psyché primitive de prédateur assimilant toujours l’Autre à une proie dangereuse à éliminer. Au milieu de tout cela, des meurtres sanglants qui se ressemblent presque tous (l’usage systématique d’une lance peine à dynamiser l’ensemble), des personnages qui se vident de leur sang pour tout à coup réapparaître en pleine santé un quart d’heure plus tard (!) et un final plus proche d’un ersatz de "Maman j’ai raté l’avion" où l’on charge les rayons du magasin avec tout un tas de pièges sadiques qui ne font ni rire ni frémir. On peut même s’énerver de voir une bonne idée visuelle (liée à l’obscurité totale dans laquelle est plongé tout à coup le magasin) être traitée par-dessus la jambe en deux pauvres minutes. Bilan : une caractérisation aux fraises, du viscéral sans pêche, un néo-slasher avec plein de pépins. Triste salade.

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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