REAS
Rejouer sa propre expérience de prisonnière, dans la joie et la musique
À Buenos Aires, Yoseli intègre la prison pour femmes Casero, après avoir été condamnée pour trafic de drogue. Après la fouille, elle doit traîner son propre matelas jusque dans une cellule où une autre femme l’accueille et lui dit que « ici on partage tout ». Dans la cour, elle fait la connaissance d’autres femmes, qui lui confirment qu’ici « on s’aide » et qu’elle trouvera à la fois la une « famille » et un « groupe de musique »…
Étrange objet cinématographique que "Reas", sorte de documentaire, qui vire à la comédie musicale artisanale, retraçant les contraintes comme les vies de femmes emprisonnées à la prison Casero de Buenos Aires. Variant les styles de musique (rock, ragtime...), c’est dans un esprit résolument positif que de vraies prisonnières poussent ici la chansonnette ou s’adonnent à ses chorégraphies dont les imperfections nous rappellent qu’il ne s’agit pas de professionnelles. S’en dégage une sorte de respect mutuel, de compréhension des différences, et une certaine forme de romantisme.
Expliquant sommairement les condamnations, abordant de manière ludique les significations de tatouages intimes, ce film de prison ne s’apitoie jamais sur le sort de l’une ou de l’autre, et préfère sublimer quelques moments clés (le mariage de l’une avec un homme trans, la fouille des cellules, la valse des visites...) par des chorégraphes, des jeux de mime, ou même un fictif défilé de mode, impliquant parfois les gardiennes. Ceci pour mieux aborder les écarts de peines en apparence absurdes, l’envie de construire ou préserver une vie de couple, le suicide en prison, l’espoir d’une libération. Le dernier plan, zénithal, vient quant à lui enfoncer le clou côté imaginaire de l'espoir d’une liberté retrouvée, et d’amitiés qui persisteraient dans la vie réelle, une fois à l’extérieur.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur