IL PLEUT DANS LA MAISON
L'effet d’un crachin plus que d’une tempête
Deux adolescents sont délaissés par leur mère, au point de devoir gérer le quotidien de leur foyer, des courses à l’entretien de la maison. Mais durant un été, tout va changer…
« Toujours autant d’pluie chez moi, mais il fait quand même beau ». Pour ceux qui ne connaissent pas ces paroles, il s’agit de la chanson "La Pluie" d’Orelsan et Stromae. Et rarement, les paroles d’un morceau auront aussi bien collé à un film dans lequel celui-ci ne retentit pas. Dans ce premier long métrage de fiction, la caméra de Paloma Sermon-Daï poursuit la tradition du réalisme social belge, en nous plongeant dans le quotidien de Purdey, 17 ans, et Makenzy, 15 ans. Bien qu’ils soient encore adolescents, le frère et la sœur doivent compenser la passivité de la mère et l’absence du père, trouvant tant bien que mal un moyen de s’en sortir et de gagner un peu d’argent pour (sur)vivre. Si elle occupe un job de femme de chambre dans un complexe hôtelier, lui, préfère les activités moins légales et plus rapides.
Parfait héritier du cinéma des frères Dardenne, cette chronique naturaliste bénéficie d’un charme certain, notamment dans sa volonté de ne pas cantonner l’environnement des protagonistes à la grisaille de la misère. Au point de contredire les clichés et transformer ces deux mois estivaux en une période caniculaire, où le soleil d’ocre tapisse les murs branlants du foyer. Le drame social devient alors autant un récit d’apprentissage, un été comme la fin de l’enfance, les beaux jours bouleversés par les orages intimes et météorologiques. Malheureusement, si le film peut s’appuyer sur une prestation solide de ses comédiens (fratrie également à la ville), l’impression de déjà-vu omniprésente qui plane sur le récit le condamne à n’être qu’une pâle copie de modèles bien plus passionnants. Avec des sous-intrigues sacrifiées et une redondance certaine, en particulier dans cette volonté de capturer l’inertie subie des personnages, "Il pleut dans la maison" finit même par agacer. Peut-être temps d’appeler un couvreur ?
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur