SPACEMAN
Un nouveau film de science fiction introspectif
Alors qu’il se rapproche du nuage Chopra, où il doit prélever des particules afin de connaître sa composition, l’astronaute Jakub est sur le point de parvenir à l’objectif de sa mission, dans les environs de Jupiter. Mais cela fait plus de six mois qu’il est parti, et récemment il n’a pas eu de nouvelles de sa femme Lenka. Ses supérieurs ont d’ailleurs intercepté le message de celle-ci, enceinte, qui ressemble à un message de rupture, décidant alors de ne pas perturber Jakub avec de mauvaises nouvelles. C’est alors qu’au cours d’une connexion privée par le système de vidéo conférence, CzechConnect, il entend une voix qui s’adresse à lui. Prenant cela au départ pour une interférence ou un piratage, il réalise qu’il s’agit en fait d’une créature cachée dans son vaisseau, ressemblant à une énorme araignée…
Sortie le 01 mars sur Netflix
Pas facile pour une œuvre de science fiction de prendre à nouveau la voie du film contemplatif et introspectif, après les relativement récents "Gravity" et "First Man". Quasiment dénué de toute action, cette production Netflix, passée par le Hors compétition du Festival de Berlin juste avant sa sortie sur la plateforme, constitue un quasi huis-clos qui se concentre sur les tourments d'un astronaute, se doutant que son couple ne résistera pas à cette mission dont il ne rentrera que dans longtemps. S'ouvrant sur un rêve de celui-ci, où il marche en combinaison dans une rivière, l'ensemble se construit comme l’introspection d'un homme sur lequel la fatigue et la solitude finissent par avoir un impact psychologique certain.
Outre l'énorme pot de pâte à tartiner à la noisette qui lui sert de placebo (même la créature admettra qu'elle « amenuise l'effet déplaisant » de certains de ses souvenirs), la créature elle-même, qui fait office de pseudo psy, interrogeant sans cesse Jakub, peut être vue comme une voix de la conscience qui revient sur ses choix passés, privilégiant le professionnel sur le familial. Ce thème de la folie qui guette alors que l'on est seul trop longtemps était aussi au centre de "Seul au monde" avec Tom Hanks, qui se mettait à dessiner un visage sur un ballon, afin de converser avec lui. Ici point de ballon, mais une créature extraterrestre, ayant fuit sa planète pour des raisons que l’on taira. Johan Renck, réalisateur de la série "Chernobyl" et d'épisodes de "Breaking Bad", est donc aux commandes de ce qui finalement apparaît plus comme l’expression du désir d'un homme de se rattraper vis à vis de celle qu'il aime ou a aimée, que comme une réelle mission spatiale.
La créature, doublée comme au ralenti par Paul Dano, est donc ici dotée d'une apparence se référent à ce que l'Homme connaît et plutôt réussie en termes d'effets visuels : une araignée à 6 yeux (2 grands et 4 petits) avec en plus des pattes, des tentacules sur le devant. Son rythme de diction semble à la fois représenter sa supposée sagesse, tout comme l'esprit ralenti de l'astronaute, dont l'état de santé décline au fil de l'intrigue, la faute notamment à un manque de sommeil provoqué par un problème de pompe dans les toilettes du vaisseau, dont le bruit n’a de cesse de le réveiller. Usant peut-être trop de symbolique, avec la représentation de sa femme, déguisée en Russalka (cette sirène slave...), les motifs de la fuite de Hanuš (la créature), ou les particules rosâtres du nuage (considéré comme à la fois la fin et le commencement de toute chose), "Spaceman" nous perd un peu en route, chacun pouvant au final se faire sa propre opinion sur ce qui relève de la réalité ou de l'imagination du personnage, interprété cependant avec justesse par Adam Sandler (c'est assez rare pour le souligner...), et sur l'avenir du couple qu'il formait sur terre avec celui de Carey Mulligan.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur